Après le divertissement poétique et contemplatif par immersion dans la nature avec l'exposition consacrée aux jardins romantiques en 2011, ("Du jardin des Lumières au parc romantique"), le Musée de la Vie romantique propose, en association avec le Musée Carnavalet qui lui a ouvert les réserves de ses collections théâtrales, un panorama du divertissement culturel à l'époque romantique.
En effet, avec l'exposition intitulée "Théâtres romantiques à Paris", les deux commissaires, Daniel Marchesseau, Directeur du Musée de la Vie romantique, et Jean-Marie Bruson, Conservateur général au Musée Carnavalet, invitent le visiteur à une véritable promenade dans le Paris théâtral du 19ème siècle à travers peintures, dessins de costumes, sculptures, estampes, maquettes de décors et objets souvenirs.
De Talma à Sarah Bernhardt, Paris capitale des arts
Au 19ème siècle, Paris devient la plaque tournante en matière de création et ce dans tous les registres du spectacle vivant.
La liberté des théâtres instituée en 1791 a entraîné une multiplication des salles face aux grands théâtres subventionnés par la Maison de l’Empereur qu'étaient l'Opéra, le Théâtre-Français, l’Opéra-Comique et le Théâtre de l’Impératrice (actuel Odéon). Un tableau de Adolphe Martial-Potémont illustre l'enfilade de théâtres du fameux Boulevard du crime et la démocratisation du théâtre qui fédère toutes les classes sociales.
Par ailleurs, le mouvement romantique est à l'origine de novations importantes notamment en matière théâtrale.
Ainsi, il crée le mélodrame, le tiers genre qui conduit à la primauté d'un décor réaliste particulièrement abondant et luxueux qui fit la réputation de l'atelier de Charles Cicéri puis à l'apparition d'une nouvelle discipline, la scénographie, avec notamment Philippe Chaperon dont sont présentés maints dessins et maquettes.
En corollaire, l'art du costume est également affecté ainsi que le montre des planches de la Petite galerie dramatique de Louis Maleuvre dont la publication débuta en 1796 et qui comportera plusieurs milliers de planches.
La révolution de l'art de la mise en scène tient également aux innovations techniques qui influent sur la machinerie théâtrale telle le cyclorama.
Enfin, le jeu des comédiens connaîtra également une évolution sensible par l'abandon du jeu déclamatoire et de la posture figée tels qu'ils ressortent sur une toile de Jacques Augustin Pajou représentant la scène finale de "Rodogune".
L'art de la danse est également revivifié avec la naissance du ballet romantique, le ballet blanc, et la technique nouvelle de la danse sur pointe qui consacre la figure de la ballerine dont les trois plus illustres Marie Taglioni, Fanny Elssler et Carlotta Grisi sont réunies sur un dessin de Alfred-Edouard Chalon.
Le 19ème siècle avait déjà, le 20ème n'ayant rien inventé, ses monstres sacrés et de nombreux portraits célèbrent les gloires de l'époque.
Tel celui peint par Frédérique 0' Connel et qui a été retenu comme visuel pour l'affiche de l'exposition, de la célèbre tragédienne Mademoiselle Rachel au physique atypique dont Théophile Gautier écrivait "Elle fut simple, belle, grande et mâle comme l’art grec qu’elle représentait à travers la tragédie française".
Le mime Debureau en costume de mime par Jean Pezous figure en bonne place entouré de Frédérick Lemaître, le Talma du boulevard, des divas comme les deux soeurs Maria Malibran et Pauline Viardot, et de Lola Montès, plus célèbre comme courtisane que comme danseuse espagnole.
A voir au rang des curiosités des objets et documents singuliers comme le contrat d'engagement de Debureau, l'éventail programme des théâtres, des bijoux de théâtre et les souliers de Rachel.
Pour les peintures, celui de Jean Roller ("La Parade de Bobèche et Galimafré") qui célèbre la pratique disparue de la parade immortalisée dont le théâtre de rue constituer une résonance contemporaine et les tableaux où le même personnage semble cloné à l'infini : ainsi Victor Darjou immortalise l'acteur Hugues Bouffé dans tous les rôles qu'il a joués durant sa longue carrière et de même pour le mime Debureau autour du buste de Pierrot sur une gravure de Baudet et Cornet.
Une exposition qui ravira tant les amateurs de théâtre, de danse et d'opéra que les passionnés de l'histoire de la ville de Paris. |