La Fabrique a été longtemps un album attendu. Certaines chansons de Maud Lübeck circulaient déjà il y a trois-quatre ans sur internet, d’aucuns attendaient impatiemment qu’elles fussent produites comme elles le méritaient.
Le résultat est très bon. Les chansons douces-amères de Maud Lübeck suscitent l’amour. Si elles en tracent la ligne mélancolique, elles n’en excluent pas le secret, qui rend heureux sans qu’on sache pourquoi. Je me rappelle avoir eu longtemps en tête le refrain de "Je t’aimais trop". Cela m’agaçait, mais j’en redemandais malgré l’obsession. J’avais envie de connaître la liberté libre, comme dans les films de Rohmer, et de ne jamais m’en remettre. De savoir mettre les mots dessus mais de n’en parler à personne.
En fait ces chansons sont rohmériennes (à l’instar de "Ma nuit chez Maud", évidemment – ah, que ne suis-je le Jean-Louis Trintignant de Mademoiselle Lübeck) : elles rendent heureux. Par exemple le jour où je me suis rendu compte que dans La Collectionneuse apparaissait Alain Jouffroy, pour une séquence courte mais cruciale, je n’en revenais pas, je devenais euphorique. Avec La Fabrique, c’est pareil, on jubile, mais on prendra garde de ne pas trop le montrer autour de soi.
Quand passez-vous à Lille chère Maud ? Vos larmes gelées, je serais fou de les goûter, d’en conserver quelques-unes dans le haut de mon frigidaire. Réserves précieuses : on ne sait jamais de quoi demain sera fait. |