Le groupe existe depuis 1969. Il fut l'un des hérauts du rock progressif à la française, l'un des réinventeurs de l'onirisme, de la poésie et de l'héroïsme en rock français. Et l'on aurait tort, en 2012, de le mépriser comme on méprise d'autres moribonds de la musique, qui n'en finissent plus de mourir, vivants.
La formation actuelle d'Ange existe depuis 1997. Loin d'être une énième tentative, thérapeutique acharnée, de maintenir ce qui aurait mieux fait d'accepter de disparaître, elle est la plus stable de toutes les incarnations du groupe. Ce n'est déjà pas rien. Et elle est loin d'en être à son coup d'essai : La voiture à eau (1999), Culinaire lingus (2001), Murmures (2003), Souffleurs de vers (2007), Le bois travaille, même le dimanche (2010), auxquels il faut ajouter plusieurs disques live, DVD... On pourrait même penser que la bande de Christian Descamps n'a jamais été aussi active que depuis qu'elle s'est adjointe les services de Tristan Descamps, son fils.
Moyen-Âge, après quatre titres "isolés", s'offre une longue suite de huit titres pour près d'une heure d'un rock retrouvant l'apesanteur avec la patience des pièces longues d'antan. Ce n'est pas Le cimetière des Arlequins, Ego et Deus, Le marchand de planètes ou Capitaine Cœur de Miel, mais ça en a l'ambition. On a même, finalement, un peu de mal à comprendre l'intérêt des quatre premiers titres, clairement un cran en-dessous de ce noyau dur, qui se serait amplement suffit à lui-même.
A soixante-six ans, Christian Descamps est toujours là, et bien là. Le nouveau sang autour de lui a réussi à ne pas simplement se laisser paralyser d'admiration, mais à lui apporter une énergie nouvelle. L'Ange nouvelle façon s'est ainsi finalement forgé une identité propre tout à fait convaincante et ce n'est pas nécessairement seulement par nostalgie ou curiosité nécrophile que l'on pourra se rendre, au moins jusqu'en octobre prochain, à l'une des nombreuses dates live de leur Moyen-Âge tour. |