Jeffrey
Lewis : le retour ! La dernière apparition en France,
c’était au Nouveau Casino en février. Après
une mini-tournée anglaise, le voici en Belgique, en France
et en Allemagne. Pas d’interview mais une conversation informelle,
bien typique du sympathique personnage.
Ca commencait par un show-case à Ground
Zero, superbe nouveau disquaire indie (12 rue Crussol, métro
Oberkampf). Jeff était là avec son frère Jack
pour un show acoustique, visiblement plus en forme et serein qu’en
février ("J’ai fait un break, peu de concerts
au printemps et en été ; j’ai beaucoup dessiné").
On a eu droit à deux low-budget videos, le célèbre
"Story of the Fall" et "The
Story of K Records", enfin terminée. La grande
nouveauté, c’était l’extraordinaire "The
History of Punk on New York’s Lower East Side, 1950-1975"
, conférence donnée par le Professeur Jeff, illustrée
d’extraits musicaux chantés par les deux frangins ;
le "Gloria" de Patti
Smith, du Velvet ou les titres
de David Peel et des Fugs
revisités par les Lewis valent à eux seuls le déplacement.
(Jeff a recemment rencontré les membres originaux des Holy
Modal Rounders ("ils sont tous un peu dingues, ils ont
trop pris d’acides à l’époque…").
Suivent quelques uns des titres les plus folk du repertoire ("Don’t
Let The Record Label Take You Out To Lunch", "Golden
City") et ils terminent par le magistral "Shoot
the Head, Kill the Ghoul").
Puis, c’est le départ pour le Pop’
In, à deux rues de là ; un Pop’ In bondé
: c’était LA soirée branchée du jour
; un Pop’ In enfumé et surchauffé et un concert
absolument parfait. Pour les chanceux qui étaient l’an
dernier à la Guinguette Pirate, c’était la même
chose en mieux (si, c’est possible !), pas de cassage de cordes
cette fois-ci, la plaie qui gâchait les derniers concerts
("je monte mon ampli plutôt que de taper comme un sourd
!").
Jeff, déchaîné, profite du peu de hauteur de
plafond pour y cogner sa guitare acoustique et générer
du feed-back ; à la batterie, Dave Beauchamp
alterne entre groove cool et tempo à la Marky
Ramone ; enfin Jack "Lesser"
Lewis, alias M. Cool, assure comme toujours (il a fait de
gros progrès à la basse comme au chant).
Des tas de nouveaux morceaux qui passent du folk binaire en finger-picking
aux longues explorations psychédéliques avec mini-orgue
à deux balles ; des voix Jeff-Jack parfaitement en place
au milieu de ce qui paraît être un véritable
chaos ; des arrangements différents (ainsi le superbe "Don’t
be Scared" qui ouvrait le concert en février
est radicalement transfomé dans un ton à la Clash).
On a même eu droit à "The
last time I did Acid" ! Les titres de l’opéra-rock
tant attendu sont fondus à d’autres morceaux (les Lewis
aiment bien enchaîner les morceaux dans des tempo différents…).
OK, la vraie question : pourquoi les concerts du Jeff Lewis sont-ils
tous aussi bien... Avec leurs trois accords, leur matos pourri,
comment arrivent-ils à enflammer la salle et à laisser
tout le monde sur le cul ? Originalité, culot, énergie,
lyrics, charisme... talent.
Et le concert au Nouveau Casino avec Kevin
Coyne, qu’en dit-il aujourd’hui avec le recul
? "C’était une de nos plus grandes salles ; jouer
avec Kevin, c’était un événement ; j’aurais
voulu faire un concert parfait mais j’ai fait des tas d’erreurs.
Mais finalement, en réécoutant l’enregistrement,
je me dis que c’était pas si mal".
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