Ca commençait fort.
En première partie, Kapitan Korsakov, un trio belge de très bon grunge sauvage - si,si - avec bassiste technique, batteur torse nu et chanteur-guitariste blond ad hoc ; auquel on promet de très honorables lésions précoces des cordes vocales s'il continue comme ça.
Morceaux vaillants qui auraient bien mérité quelques slams dans le public, mais non, dommage. Quelques titres à deux basses-batterie, puis du très rock qui tâche, un bon son puissant, propre, sauf la voix crachottante, mais c'est un genre, on arrive à faire avec. Ils finissent par un grand final à frotter la basse sur l'ampli, à triturer les micros ; bon, ils n'ont pas encore les moyens de casser tout le matériel, mais on voit bien que ça les démange. Et malgré ça, ils ne ressemblent jamais à des caricatures de certains de Seattle. Il y a une énergie franche, un style dur, c'est un plaisir, une très bonne surprise.
Et justement c'est ce qu'on attend de cette soirée : Band of Skulls, il faut bien dire que sur album, ça manque d'épaisseur : du rock garage anglais honnête, quelques morceaux "tubesques", beaucoup (trop) de ballades, un groupe un peu pour teenagers, mais prometteur, et leur réputation d'excellent groupe de scène laisse augurer d'une bonne surprise.
Et la suite fut… mitigée.
Sur les premiers titres, sans vouloir être méchante : aucun intérêt. Les titres du dernier album Sweet Sour tels quels, à un petit solo de gratte près de-ci de-là. Les inconditionnels y auront sans doute trouvé leur compte : c'est carré, ils font le job, mais même scéniquement, c'est glacial. Le batteur, sans relief, isolé dans le fond, et chacun des deux chanteurs (Russell Marsden à la guitare et Emma Richardson à la basse) aux extrémités de la scène. Statiques, froids, et même pas d'une froideur qui se voudrait charismatique du genre "j'imprègne parmi vous l'obscure étendue de ma noirceur, je fais peur, etc.", non, c'est juste qu'il ne se passe rien. Et leurs ballades… rock garage ou rock boudoir ?
Quand on commence à perdre tout espoir, surgissent les titres du premier album Baby Darling Doll face Honey et, merveille : c'est bon. C'est même du vrai rock, dis donc, on se rend compte qu'il y a un batteur, là au fond, que le chanteur bouge ! Beaucoup plus à l'aise avec leurs anciens morceaux, on comprend un peu mieux leur réputation, ils ont fait avancer leur musique, elle prend une dimension de scène, c'est vivant enfin, Marsden vient chercher un public qui n'attendait que ça, certains se mettent même à s'agiter !
Mais incrédulité ! Pourquoi s'infliger cette entrée en matière laborieuse, scolaire, quand on est capable de ça ? Pour vendre l'album ? Parce que les titres ne sont pas encore rodés ? On peut se demander comment ils vont le devenir s'ils restent dans un écrin propret…
Enfin, pourquoi chercher une explication, il faut croire que pour apprécier live les titres du deuxième album, il faudra attendre la tournée du troisième, c'est dommage. Comme une envie de se remettre au grunge… |