Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Mademoiselle Julie
Théâtre National de l'Odéon  (Paris)  mai 2012

Comédie dramatique de August Strindberg, mise en scène de Frédéric Fisbach, avec Juliette Binoche, Nicolas Bouchaud et Bénédicte Cerutti.

Au dernier Festival d’Avignon, les réactions avaient été mitigées devant cette version moderne de "Mademoiselle Julie".

Avait été soulignée la perte de sens de l’oeuvre de August Strindberg en la situant aujourd’hui, époque où la lutte des classes, problématique centrale chez l’auteur suédois, est niée ou sous-estimée.

Pareillement, le personnage de cette femme, s’affichant par amour avec un domestique sans se soucier de l’ordre et des conventions bourgeoises, perd beaucoup de sa modernité féministe en le faisant évoluer dans le monde contemporain.

Avant tout chose, il faudra donc accepter le parti pris de la mise en scène de Frédéric Fisbach qui nie le contexte social, la psychologie pour concevoir le personnage de Mademoiselle Julie comme une vieille enfant perdue, une enfant déchue et blessée, qui danse dans un décor blanc minimal, séparé de la salle par des panneaux vitrés coulissants.

Ce qui l’a amené à se déhancher au milieu de danseurs infatigables n’a pas d’importance. Elle est là, au milieu d’une fausse fête, en cette nuit de la Saint-Jean où l’on dit que tout est permis. Elle est là, en quête de sensation, on n’ose pas encore dire en quête d’un ultime amour.

Au premier plan, Jean, son valet, répète à sa petite amie, cuisinière en pleine action, que "Mademoiselle Julie est folle". Et c’est sans conteste au pied de la lettre que Frédéric Fisbach souhaite que l’on prenne cette proposition.

Chez Strindberg, cette folie, c’était celle d’une femme libre sexuellement et socialement, qui niait sa position sociale pour vivre sa passion amoureuse. Chez Fisbach, c’est une femme qui perd la tête pour vivre cette passion, une amoureuse absolue pas autre chose.

Juliette Binoche, Mademoiselle Julie dans la maturité, crie son amour comme elle crie sa détresse existentielle. Elle ne s’étonne pas de s’enferrer dans une liaison sans issue. Elle la vit viscéralement dans l’instant, feint d’accepter les rêves petits-bourgeois de ses partenaires, toujours à la merci de soudains coups de folie.

Ce que fait Juliette Binoche pour se conformer à la lecture de Strindberg par Fisbach n’est pas facile. Elle est constamment sur la corde raide du décalage et du contresens et n’a pas toujours l’occasion de quitter l’opacité de son personnage pour lui trouver sa vérité, son évidence.

Elle est condamnée à chuchoter ses secrets, face à Nicolas Bouchaud qui n’abat pas la carte de la revanche sociale ni celle du machisme. Témoin plus qu’acteur, il se regarde en train de se laisser conquérir, subjugué par celle dont il est théoriquement l’inférieur.

Son interprétation sobre, sans affectation ni excès, tout comme celle de Bénédicte Cerruti, l’autre domestique, est convaincante. Elle rajoute de l’étrangeté, de l’opacité à cette "Mademoiselle Julie" qui s’achève sans panneaux vitrés ni danseurs frénétiques, parmi des troncs de bouleaux et quelque chaises éparses, dans la simplicité d’une blancheur presque idéale.

Quelque part surgit alors un éclair de lucidité : Fisbach entraîne son héroïne vers une autre danse chère à Strindberg, celle de la vie et de la mort.

Une pièce à l’alchimie incertaine, qui convaincra les uns par son charme mystérieux alors qu’elle déroutera les autres qui n’y seront aucunement sensibles.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=