Lecture d'un texte de Manault Deva, par François Berléand et Manault Deva.
Seuls en scène, le comédien François Berléand et l'animatrice de radio Manault Deva investissent le plateau du Théâtre La Bruyère.
Charmant théâtre ! Que de grands noms et de grands textes, dont se souvenir en regardant les affiches fanées de l'entrée.
Ici, dans "Bons baisers de Manault", les chroniques de France-Inter, agglomérées en séquences, jouées en vif, évoquent des sketchs de la vie très quotidienne.
Un couple entre deux âges, des passagers d'un quatre-quatre, une femme coincée dans le T.G.V. à côté d'enfants braillards de parents bobos indifférents et asservis, les scènes s'égrènent, plus ou moins drôles, servies par le jeu d'un imperturbable et grognon Berléand, tout en retenue, face à une dame moraliste, dotée d'un certain charme.
Le ton est un peu convenu, style "courrier des lectrices" de magazine féminin, les ficelles épaisses, sans grande subtilité d'écriture ou de jeu mais le genre ne les autorise peut-être pas. Certains délicats trouveront le langage vulgaire, d'autres moins.
Les tics et certitudes du néo-féminisme, ses automatismes, ses préjugés propres, sa velléité à rallumer toujours la "Guerre des sexes" (jusqu'à extinction des combattants ?) ont trouvé chez Manault Deva une illustratrice cocasse, qui sait les montrer bien ridicules, bien violents, toujours dans la hargne d'abaisser le Mâle qu'ont devrait laisser tranquille, si on ne l'aime pas ("Si vous n'aimez pas, n'en dégoûtez pas les autres!" comme disaient nos grands mères)
Ceci écrit dans l'espérance d'un deuxième ou troisième degré, car, sinon, le spectacle pèserait trois tonnes. Il y aura des pour et des antis.
Si Berléand a pris des risques, dans cette lecture à deux voix, sa partenaire garde le sourire imperturbable des hôtesses dans l'avion en piqué, le feu aux ailes. Deux mondes qui se frôlent, le théâtre et la radio, dans un parfait parallélisme.
Et le public d'observer, assez voyeur. |