Principalement connu pour avoir été le guitariste du groupe Slint (groupe précurseur du post-rock au début des années 90, qui connaîtra une reformation en 2005), David Pajo fut aussi membre, entre autres, de Tortoise de 1996 à 1998 (il apparaît sur les albums importants que sont Millions Now Living Will Never Die et TNT). C’est sous le pseudonyme Papa M qu’il se présente actuellement sur scène. Nom bien choisi car il s’agit bien d’une musique "à la papa", un peu dans le même ordre d’idée que "L’amour à la papa" de Gainsbourg. Il faut donc un peu de temps pour adhérer à cette musique planante, quasi minimaliste. On peut se demander tout de même pourquoi Pajo se contente de si peu, alors que les conditions du concert exigeaient un peu plus. Il a ses raisons, sans doute − et ce qui est terrible dans la vie, c’est que tout le monde a ses raisons.
En fait mon attente a été déçue, mais finalement cette déception fut légitime. J’étais venu à ce concert dans l’esprit d’y trouver quelque chose de Spiderland (le passage obligé de tout amateur de post-rock désirant retourner aux sources), c’est-à-dire une musique un peu plus consistante, imprévisible, libre. Au lieu de cela, on a découvert un tout autre répertoire : de petites chansons pop sans prétention, mais agréables, assez confortables. Ceci dit, le confort ne devrait-il pas être réservé aux disques seuls ? On est assurément en droit d’attendre un peu plus d’un concert : découvrir par exemple une autre face du groupe, pour apprécier le contraste entre la production de l’album et le caractère plus brut du disque sur scène. Aussi, le concert devrait nous donner envie d’écouter les autres albums du groupe. Je crois que le problème, chez David Pajo, vient de son effacement, qui le dessert, alors que chez d’autres artistes, cet effacement peut être une force quand il est intégré à la musique même.
En première partie le groupe lillois L’Objet a proposé un moment musical réjouissant : il s’agit d’une formation de math rock, quoique le terme puisse être restrictif. On retrouve en effet la complexité des rythmes, un certain savoir-faire dans l’enchaînement entre les différents modules instrumentaux, ainsi qu’une mise en place bien dosée de ruptures de ton, des dissonances. La réussite de L’Objet tient surtout au fait que tout fait sens dans l’agencement des morceaux. Il faut remarquer aussi une progression intelligente du concert (nécessaire pour contrer les éventuelles répétitions). On ne peut que souhaiter aux trois musiciens une bonne continuation : quid d’un Festival cet été ?
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