Seul en scène adapté du roman éponyme de Virginie Despentes interprété par Salima Boutebal dans une mise en scène de Cécile Backès.
Enveloppée dans un manteau de yéti violet, une belle femme à cheveux platine fait les cent pas, perchée sur des stiletto, séduisante mais pas racoleuse, dans un lieu indéterminé pourvu d'un rideau pailleté, d'un micro et d'un canapé.
Elle évoque une Mae West featuring au Crazy Horse même si le canapé n'est pas le fameux sofa de Dali.
Dans ce décor ambivalent entre scène de cabaret et salon, elle va effectuer un véritable effeuillage tant physique que mental pour révéler sa vérité et sa liberté de femme en dynamitant les archétypes féminins, de la bobonne ménagère de moins de cinquante ans à la femme sexy en nuisette, et dénoncer les normes dogmatiques imposés tant aux hommes qu'aux femmes par la sexuation sociétale.
Cécile Backès et Salima Boutebal propose une adaptation scénique de "King Kong Théorie", un texte polymorphe de Virginie Despentes, considérée par certains comme la papesse du néo-féminisme français.
Dans ce texte souvent présenté comme un essai féministe alors qu'il ressortit davantage d'un manifeste libertaire et égalitaire, elle reprend, par le biais de l'autobiographie, ses antiennes sur la féminité, l’art de la servilité, le viol, élément fondateur de son écriture, la prostitution, fondement des relations hétérosexuelles dans une société patriarcale, et l'apologie de la pornographie comme révélateur salvateur de la réalité trouble du désir.
Salima Boutebal possède une énergie vibrante, une vraie présence scénique et un abattage empathique qui lui permet, reprenant à son compte les propos de l'auteur, de soutenir une belle performance qui alterne entre confidences d'une adolescence sous punk attitude influence, profération militante au micro et réflexions ponctuées d'humour. |