Dominique Cantien est contente d'elle et le fait savoir en publiant sous le titre "Avec eux..." ses "propos recueillis corrigés" qui constituent un sommet, non pas littéraire tant le brouet est lénifiant, mais d'autosatisfaction.
Et elle a bien raison d'user du proverbe selon lequel on n'est jamais si bien servi par soi-même d'autant que, si aucun biographe ne se penchera jamais sur sa vie, elle est néanmoins invitée sur tous les plateaux télé, une télévision tout aussi nombriliste, opportuniste et autocongratulatoire.
Mais qui est Dominique Cantien ? A l'exception des happy few du PAF des années 80-90 et de leurs fans absolus qui épluchaient les génériques, le nom de la dame rangée de la petite lucarne depuis près de 20 ans n'évoque rien à personne.
Et bien ce fut la papesse de TF1 non pas en tant que vedette du petit écran car elle est une femme équilibrée (et "le métier d'animateur repose sur un certain désir d'exhibitionnisme et le besoin d'être aimé, adoré, qui traduit une blessure intime" explique-t-elle) mais, outre un bref passage à Antenne 2 et à Canal Plus, comme directrice des programmes sur TF1 pendant les dix ans entre 1987 et 1994 qui constituent l'âge d'or des émissions de divertissement.
Et puis, la reine du PAF, découvreuse de talents (sic) ("J'ai lancé Arthur, Nagui, Montiel, Reichmann, Dechavanne, tous les animateurs de jeux"), compagne de Nicolas Hulot dont elle a été le deus ex machina ("Cela n'enlève rien à Nicolas, mais je pense que notre relation et mon pouvoir de directrice des programmes ont permis à tout cela d'exister") et femme d'influence ("J'ai fait partie des cinq femmes les mieux payées de France", "J'avais tout Paris à mes pieds"), est tombée amoureuse.
Elle est alors passée des paillettes dorées de la télé aux ors de la République pour vivre aux frais de la princesse ("J'ai dormi dans les palais de la République et toutes les ambassades du monde, circulé en voiture avec chauffeur et gardes du corps..."), en tant que maîtresse d'un ministre surnommé, entre autres tant il a aimé le maroquin, le "condorsay", rencontré grâce au Sidaction qu'elle a porté sur les fonds baptismaux cathodiques, augurant ainsi de la télé caritative.
Une maîtresse non en "back street" mais affichée comme "conseillère en image" et dotée d'un luxueux bureau au ministère en tant que présidente d'une association qui, malgré sa dénomination, "Bienvenue en France", ne se consacre pas à l'accueil des émigrés mais à celui des femmes de diplomates étrangers pour rendre leur séjour en France le plus réussi possible, association au demeurant totalement subventionnée par les fonds publics.
Pourquoi ? Quel intérêt de raconter tout cela ? Parce que, est-il indiqué, elle veut partager ses rencontres particulières avec les personnalités souvent rares qu'elle a eu la chance de croiser", telle Laetitia Hallyday "qui est tout sauf une fille légère qui a épousé une star", et rappeler qu'elle n'a pas simplement oeuvré dans la futilité mais également dans l'humanitaire ("J'ai donc toujours fait en sorte de pouvoir m'arrêter là où on souffrait" parce que "être utile aux autres est vital à mon équilibre").
Enfin et surtout, Dominique Cantien souhaite confier la clé de sa réussite à tous ceux (sic) qui la sollicitent pour savoir comment devenir productrice et comment on fait pour vivre cette vie-là (re-sic).
Alors, alors ? En voici les 10 commandements version réussite féminine :
1- être déterminée et ne pas croire au hasard car "Croire en soi même est la clé de son destin" et "la chance est un talent"
2- comme disaient les grands-mères du temps jadis, ne pas avoir froid aux yeux (dès l'âge de 16 ans groupie de Cloclo, elle parvient à le côtoyer au point de devenir sa maîtresse)
3- user du piston et débuter comme stagiaire dans une station de radio grâce à papa qui est l'ami du meilleur ami du directeur
4- avoir "quelque chose de supplémentaire" pour se faire remarquer d'un animateur vedette qui sévit également à la télévision ("Chaque fois que c'était possible, il m'a mise sur les coups. J'étais bonne, quoi !") et dont le frère est un pilier de l'audiovisuel
5- avoir des protecteurs masculins influents : être beaucoup aimée par ce dernier et avoir pour second père le PDG du groupe actionnaire majoritaire d'une chaine de télé pour qui être "un ballon gonflé à l'hélium, coloré comme pour un anniversaire"
6- savoir tenir la dragée haute à ses patrons en étant capable de dire à son directeur qu'il n'a pas de couilles et de téléphoner à 1h30 du matin à son second papa pour lui faire du chantage à la démission
7- ne pas avoir de talent mais des idées ("J'ai cette chance d'avoir des idées tout le temps, je n'ai pas d'autre talent, mais les idées, oui, j'en ai tout le temps")
8- s'entourer de collaborateurs créatifs pour leur piquer leurs idées ("J'étais une éponge pour bien recracher toutes ces choses dont je me nourrissais toute la journée à travers mon gang de joyeux collaborateurs")
9- savoir déléguer pour faire faire le travail par les autres
10- acheter ou copier les télés étrangères.
Facile non ? |