A la première écoute de cet album, j'ai eu l'impression de revenir une paire de décennies en arrière. Ça donnerait presque envie de jouer à Monkey Island en écoutant Cindy Lauper. C'est en effet cette sensation que j'ai eu à l'écoute de "A better" par exemple qui marie parfaitement la musique entraînante et un peu kitsch de ce jeu mythique à la voix moins inoubliable mais qui a quand même marqué une génération, de "La chanteuse aux cheveux rouges".
Après quelques écoutes et surtout après avoir digéré l'album entier, j'ai compris mon erreur. Il ne s'agit pas de Cindy Lauper mais plutôt de Kate Bush que la jolie Jennie Abrahamson tente d'imiter comme sur le très élégant "Falling" (non je ne parlerais pas de Julee Cruise, ça ferait trop) sur lequel la demoiselle fait montre de ses talents vocaux seulement accompagnée d'un piano.
Et pour le coup, c'est assez réussi. Car loin de l'imitation niaiseuse et sans inspiration, la suédoise (terre de plus en plus d'artistes à la carrière internationale) offre quelques belles compositions et un disque tout à fait recommandable.
Très ancré en revanche dans la fin des 80 début des 90, le son quant à lui ne plaira pas à tout le monde. Les sons synthétiques datés et inutilement maniérés apportent évidemment l'ambiance souhaitée par le producteur mais on devine que les chansons mériteraient un terrain de jeu plus libre et plus spacieux. Un peu plus de guitare et de piano et un peu moins d'électricité aurait sans doute apporté plus d'émotions (parce que je vous rappelle que là, c'est plutôt ambiance Monkey Island quand même !).
De l'émotion et de la sincérité, il y en a pourtant dans la voix qui semble capable de bien belles prouesses techniques également, ce qui ne gâche rien dans la mesure où c'est bien utilisé, et ça l'est, et distille des mélodies douces et mélancoliques comme il se doit.
Bref si vous aimez Kate Bush, les années 80, les voix féminines en général alors cet album devrait vous plaire, sans pour autant ambitionner d'être un pilier de votre discothèque. Pour autant, on prendra plaisir à suivre l'évolution de Jennie Abrahamson qui joue sur un registre sensiblement différent de ses consoeurs, comme Anna Ternheim ou Stina Nordenstam par exemple, apportant à la pop suédoise un peu plus encore de diversité.
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