Le soleil brille a Souillac. Une température caniculaire qui enivre le son. Une chaleur de cœur qui transforme la ville en tempo. Tout devient alors possible et particulièrement - peut-être - cette année ou l’on fête le centenaire de Sim Copans en l’honneur de cette 37ème édition.
L’un des fondateurs du festival. L’homme avait du talent à revendre, créateur de l’institut des Etudes Américaines et de la Bibliothèque Franklin Roosevelt à Paris, traducteur d’Aragon, et a fait connaître au USA Jean-Paul Sartre. Ce qui n’est pas le moindre de ses mérites. Homme de radio, il sait aussi offrir à ses auditeurs autre chose que l’intermède musical.
Comme on le voit le festival sent bon ce parfum indéfinissable "Free".
C’est que je Jazz n’est pas une musique tout à fait comme les autres. D’ailleurs ce n’est pas que qu’un tempo ! Il y a comme une sorte de "révolution permanente", des notes volontaristes, impertinentes avec cette volonté louable de repousser la liberté de ton. Honneur à un festival qui croit dur comme fer, que la musique appartient à l’intelligence.
Alors descendez en voiture, TGV, voir pour les plus modernes en calèche, dans ce pays qui hume bon le soleil.
Le temps s’immobilise, il vit au ralenti. Il faut profiter de cette apesanteur pour en prendre plein la tête. Que du bonheur. La programmation est un menu à dévorer des oreilles.
Du 15 au 22 juillet 2012, le 37ème festival "Sin Copans" vous accueille dans les grottes de Lacave, lieu unique qui reproduit comme aucune autre salle, le son vibrant, constitue le coup d’envoi. Prologue à toutes les vanités musicales. Point de mort ici, simplement le surpassement musical.
Sensualité plaisante dans l’effleurant de nos pensées, d’être ainsi, à vivre le début d’un festival dans le ventre du monde.
C’est de cela dont il s’agit, d’une naissance à chaque fois renouvelée avec, cette année, un rôle particulier dédié au Festival, celui de passeur intemporel. Prenez notes citoyens, l’Occitanie et ses troubadours sonnent les rappels heureux, Gregory Daltin et Didier Labbé en guides traineront nos guêtres, des Balkans au Sud de l’Afrique.
Remuez méninges et corps, l’accord parfait avec Soweto Kinch qui entre le bop et le hip-hop fait l’unisson jazzy. Le saxe hurle les dérives. Il faut du courage pour offrir ainsi au public cette hargne révélatrice. Il le faut, indispensable même, écrit dans les gènes musicaux. C’est aussi cela le Jazz d’aujourd’hui. Un Hurlement social.
L’espace n’est pas absent de la portée.
Joachim Kühn Trio propose un face à face, tradition/avant-garde. Un Free frontal qui offrira aux oreilles attentives multiples découvertes. On ne peut pas s’arrêter là ! L’espace est grand et l’écho puissant dans les Causses. Il faut donc un voix libre, libre comme peut l’être l’Afrique. L’invité de cette saga libertaire est le Omar Sosa Quintet. Libre Afrique, libre musique. Il faut que l’humain retrouve ses racines africaine pour danser et honorer le Jazz.
La rue est de la partie, les places aussi. Il en va de soi avec Carlo Actis Dato & Enzo Rocco qui jonglent ente clarinette et guitare. Italiens de la défonce musicale qui vous feront piaffer. Le hasard a sa place, sinon ou se nicherait le Jazz. FDH Trio et son "Free du hasard". Ce n’est pas qu’un jeu de mot, il est la réalité de leurs compositions… Soyez heureux badauds de les croiser. Comme on le voit la richesse d’un festival n’atteint pas forcement le sommet du mercantile. Il y a du bonheur dans cette programmation-là !
Il ne faut pas oublier, ces quatre drôles de garçons dans le vent, qui offrent un souffle libérateur à ceux qui les croisent. Sentiment Jazz dans les rencontres opportunes comme celle du groupe Fresh Jazz qui conjuguent au temps Django et Michael Jackson. Il faut le culot du talent pour oser. Ils osent les garnements et ce sont des groupes comme cela qui font également vibrer le festival.
Pour la clôture les saltimbanques seront de la fête avec Pulcinella. Groupe toulousain. Et ce n’est pas un hasard, naturellement. Il ne faut pas que les portes se referment. Elles doivent laisser à Souillac le vent passer pour que l’année prochaine à nouveau se pose le vaisseau Jazz en ses terres de richesses culturelles. |