Peut-être qu'un jour il ne sera plus politiquement correct de parler de black music. Ce jour-là, on aura oublié l'histoire pour se concentrer sur le refus du stéréotype. Marvin Gaye, Barry White, Cutis Mayfield n'auront jamais été noirs. Ils auront seulement été des hommes. Comme si être noir, aux Etats-Unis, dans le deuxième tiers du vingtième siècle, était indifférent.
Ce jour-là, on parlera de soul music, de Rythm n' Blues, mais on ne fera plus aucun lien entre ces musiques (américaines) et leurs racines (afro-américaines, donc africaines), parce que toute origine aura été bannie de tout vocabulaire. Parce qu'une origine définit une identité et qu'une identité, dira-t-on, enferme celui à qui on l'impute. Pourquoi un homme doit-il être cet homme-là, ne peut-il être tous les hommes ?
Ce jour-là, on ne remarquera pas non plus que la soul music se chante en anglais. D'ailleurs, elle pourra bien se chanter dans toutes les langues. Parce que les musiques non plus n'auront plus d'histoire, pas d'origine, pas de langue natale. Toutes les musiques viendront de partout. Et l'on parlera partout toutes les langues.
Ce jour-là sera certainement triste.
Mais en attendant, on peut continuer de trouver que le chanteur français Leon, originaire du Congo (Kinshasa), est certainement l'une des futures voix (anglophones) de la black music en France. Tout y est : la voix, l'âme, le groove, les textes passionnés. Un véritable album à l'ancienne. Revival ? Hommage ? Peut-être pas seulement, car tout cela vit, vit, vit. Le dépositaire d'une tradition, surtout – une tradition à part entière, avec ses histoires et ses itinéraires propres, que Léon contribue à continuer à faire vivre. |