Enfin ! Ce qui s'annonce être la plus belle édition des Vieilles Charrues depuis plusieurs années démarre ce jeudi sans pluie, juste quelques averses avant l'ouverture du site et avec un temps favorable aux longues marches dans la prairie de Kerampuilh.
L'avenir nous dira si cet été pourri se poursuivra en Bretagne ou si les super-héros présents en nombre sur le festival auront fait fuir le mauvais temps pour de bon.
Premier concert avec la révélation de l'année, Timothée Régnier alias Rover, colosse mystérieux qui se découvre sur cette gigantesque scène Glenmor.
Les chansons sont calmes mais tendues, le public en retenue : ne pas se dépenser trop pour tenir les 4 jours, c'est sûrement ce que se disent la plupart des festivaliers déjà présents.
L'écharpe au vent, il passera sur son bel album avec quelques incursions limite électro et de longues et enivrantes mélodies à la guitare.
Pendant que sur la scène Xavier Grall, Im Takt, les finalistes des jeunes Charrues 2010, chauffent le public qui arrive doucement sur le site, les Django Django investissent la grande scène avec leurs élégants tee-shirts.
On parlait de mélodies entêtantes, de Beach Boys modernes, le groupe découvert il y a déjà 3 ans aux Transmusicales est juste sans grand interêt.
Juste de quoi attendre les excellents Stuck in the Sound.
Stuck in the sound est peut-être le groupe français le plus rock depuis bien longtemps.
Hautement influencés par Sonic Youth, ainsi que par la scène des shoegazers et du grunge, le groupe impressionne partout où il passe, même dans les jeux vidéos.
Le concert ne surprend pas. Chaque intro propose un nouveau son, une nouvelle excentricité à la guitare. C'est frais, ça bouge, c'est sérieux mais pas trop, très beau concert pour ce jeudi après-midi à Carhaix.
Il y a quelques années, La Rumeur était l'un des seuls groupes de rap soutenu par les Inrockuptibles. Un rap urbain, brut mais plus intello, plus intéressant. Est-ce une rechute ? En tout cas ce soir, ils n'ont pas raté le moindre cliché du groupe de rap totalement ordinaire. Aïe.
Dans ce défilé de super-héros plus ou moins réussis, l'un d'entre eux tire particulièrement son épingle du jeu : Keziah Jones, torse nu, enrobé dans son drapeau, alternant danses sur la scène et slap de guitare avec un talent incroyable. Un Hendrix nigérian, fidèle à lui même, c'est beau. La première tête d'affiche de la soirée ne déçoit pas.
Après avoir vu un jeune de 16 ans passer des disques sur la scène 3, passage à Kerouac pour le concert de Zebda de retour après quelques années d'absence.Ils ont à peine vieilli, ils sont presque aussi alertes mais les chansons elles ne se renouvellent que très peu.
On est aux Vieilles Charrues, c'est de la chanson festive, tout va bien, mais attendons plutôt la bande à Gibbons.
Portishead, Beth Gibbons, que de souvenirs, un seul single, Glory Box qui ne ressemblait à rien d'autre sur les ondes radios de l'époque. Ils reviennent, eux aussi, mais pour une prestation exceptionnelle, sonore et visuelle, toujours à deux doigts d'exploser.
Beth Gibbons bouge peu, tourne le dos au public et chante sous les écrans géants proposant une vision bien particulière du concert filmé par quelques caméras disposées sur la scène et sur la chanteuse. Même les plus réticents succomberont au groupe et resteront bouche bée devant le spectacle. Le concert du soir, de loin !
Suivra pour finir la nuit le fameux groupe LMFAO qui attirera les foules avec ses chorégraphies bigarrées et des milliers d'enfants scandant leurs hymnes, mais comme dira Manu le poète, "ce qui me fait peur, c'est que ce qui marche, c'est David Guetta et cette merde".
Puis retour à la musique avec l'excellent Beat Assailant sur la petite scène. Avec très peu de public mais de vrais musiciens et de la vraie musique. Finalement, c'est ce qui compte. |