Ca y est, le festival bat vraiment son plein. Après un départ en douceur jeudi, les choses sérieuses ont réellement débuté hier. D'ailleurs, la ville porte encore ce matin les stigmates des excès d'hier : les gaziers marchent de travers et les haleines sont chargées. La scène la plus improbable hier sur les coups de 1 heure passée : un ado de 17 ans max en train de vomir sur sa copine... Ici, c'est Carhaix !
Bon, il y a quand même de la musique aussi, c'est aussi un peu pour ça que certains viennent quand même. La journée d'hier a commencé en douceur avec les Brigitte. Toujours moulées de la même robe de soirée pailletée, accompagnées de musiciens affublés de costumes très "Orange mécanique", les deux "hippisteuses" (néologisme de mon invention pour contracter hippie et hipsteuses) ont déroulé un concert bien huilé où la part belle a été faite aux tubes comme "Battez-vous" ou "Vengeance d'une brune".
Changement d'ambiance lorsque le rappeur Youssoupha déboule sur scène. Son rap hip-hop laisse une impression de cul entre deux chaises : capable de balancer de gros beats old school qui font l'unanimité sur un public largement composé de lycéens conquis par son flow. Un petit règlement de compte avec Eric Zemmour, un plaidoyer pour le vrai rap français plus loin, on se laisse bercer par les infra-basses et à trouver ça plutôt pas mal au final. Mais la fin du set laisse place à des morceaux un peu plus mièvres qui n'évitent pas les clichés du rap français justement décrié par Youssoupha un peu plus tôt.
Pas grand chose à dire sur le set du gentil Thomas Dutronc : du talent, de la maîtrise, mais ça sent un peu trop le savon et la lavande, pas assez la sueur.
Grosse affluence pour le retour de Bloc Party qui fait sautiller les premiers rangs avec sa pop indé, mais on est déjà ailleurs, massés dans les premiers rangs du concert à venir. Le public a pris comme un petit coup de vieux, les fronts sont dégarnis, les crânes lisses, les tempes grisonnantes. Bizarrement peu de "corbeaux", ces clones de Robert Smith qui étaient légions jusque dans le milieu des années 90. Les coups d'oeil aux portables se multiplient. "Quelle heure ?" Encore 10 minutes... On comprend l'espace d'un instant ce qu'une ado pré-pubère qui attend le concert de Justin Bieber ressent. Les pronostics vont bon train sur le morceau qui ouvrira ce concert. Ca devient même un jeu. Il faut dire que Robert Smith et ses sbires sont plus qu'attendus. Leur dernière prestation, datant de dix ans, n'a pas laissé que des bons souvenirs à Carhaix. Mais bon, logiquement ce soir, promis, il vont se rattraper et jouer les tubes, une sorte de "best of" calibré pour les festivals. Finalement, le groupe jouera le compromis.
Les initiés seront servis avec "Open", le morceau d'ouverture ou "The end of the world". Le concert alterne entre temps morts, longueurs et tubes. Le temps passe plus vite quand le groupe enchaîne "In between days", "Lullaby", "Friday I'm in love". Le bassiste Simon Gallup est impressionnant de maîtrise. Basse au ras du sol, déhanché lascif, pas une note à côté, chapeau bas. Un petit "nouveau" accompagne les Britanniques, il s'agit de Reeves Gabrels, guitariste de Bowie. Le gars fait un peu papi à côté de Smith et Gallup... Ou alors notre aveuglement de fan nous fait oublier que c'est peut-être Smith qui est à côté de la plaque à toujours vouloir ressembler à son personnage "burtonesque". A juste titre, un ami qui assiste au concert me fait remarquer à quel point le chanteur ressemble de plus en plus à Didier Bourdon. On tance deux petits gars de 17 ans à peine venus dans les premiers rangs "juste pour écouter Boys Don't Cry". On se fout gentiment de leur gueule. Le premier rappel n'est pas à proprement parler un enchaînement de tubes. Dépités les gaziers rebroussent chemin. Dommage, Robert Smith et sa bande finiront par jouer le morceau tant attendu.
Il y a vraiment foule maintenant, un flot continu de gens se dirige soit vers les bars, la sortie, ou pour écouter Metronomy. Semi déception : Joseph Mount et sa troupe jouent dans leurs chaussons. L'ensemble est efficace et les tubes ravissent le public, mais j'ai comme l'impression que je pourrais être en train d'écouter "The French Rivieira" dans mon canapé.
Il est 2 heures passées. Martin Solveig lance les premières salves de son show. Sur le chemin du retour, les basses cognent et j'imagine très bien 70000 paires de mains s'agiter dans la fraîche nuit bretonne. Au final, je me dis que les bandes sons de fête foraine, très peu pour moi. Dodo ! |