Comédie de Shakespeare, mise en scène par Carine Montag, avec Michel Grand, Frédéric Roger, Arnaud Bruyère, Florence Desmidt, Olivier Banse, Walter Hotton, Anne-Fanny Kessler et Jérôme Sétian.
Dans le très jolie et très bucolique cadre du Théâtre de Verdure du Jardin Shakespeare, Carine Montag met en scène une version librement adaptée de la pièce "Le marchand de Venise" de William Shakespeare.
L’écriture moderne et concise de Michel Dèque se libère de toute l’emphase poétique de l’auteur anglais pour nous livrer sans fioriture l’histoire de ce contrat insolite passé entre Antonio, riche marchand catholique Vénitien et Shylock, créancier juif.
Antonio pour rendre service à son ami Bassanio qui courtise la belle Portia, emprunte de l’argent à l’usurier Shylock. Sûr de pouvoir s’acquitter en temps et en heure de sa dette il autorise son créancier à lui prélever une livre de chair en cas de défaut de paiement, persuadé que la fantaisie d’une telle close le met à l’abri de son application.
Mais évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu et Shylock, mis à vif par les humiliations répétées que lui font subir les chrétiens de la ville, va exiger l’application du contrat.
Dans un contexte historique fortement antisémite, Shakespeare s’attache à ne pas tomber dans un manichéisme exacerbé, faisant même de son personnage principal un porte-parole humain et éloquent de la communauté juive, sans pour autant pouvoir tout à fait se départir des préjugés liés à son époque.
Carine Montag, décide de passer outre cette ambiguïté et prend le parti de la légèreté avec une direction d’acteur très rythmée, qui met en exergue les ressorts comiques de la pièce.
Les scènes, entrecoupées d’intermèdes nécessaires à la compréhension de l’intrigue, s’enchaânent rapidement un peu partout dans le grand espace du Théâtre de Verdure, semblables "des feux follets qui s’allument à droite, à gauche", au rythme de la musique de Jérome Sétian.
Il ressort de ce choix une grande fraicheur, de forme et de ton. Seul le personnage énigmatique du masque blanc vénitien rappelle aux spectateurs les plus perspicaces l’omniprésence légèrement angoissante des préjugés inconscients qui animent en arrière plan les personnages et dont ils sont bien malgré eux les jouets.
Les comédiens, portés par la gaité générale du spectacle, sont particulièrement vifs et enjoués. Frédéric Roger, Olivier Banse et Arnaud Bruyère, respectivement Antonio, Bassanio et Bellario (le père de Portia) jouent avec brio la carte comique tandis que Michel Grand campe un Shylock ambigu et humain.
Cette comédie, modernisée et épurée, ne s’adresse certainement pas aux puristes, mais s’appréhende plutôt comme un excellent divertissement à voir sans hésiter en famille pour découvrir ou faire découvrir la pièce au finale assez méconnue de Sir William Shakespeare. |