On connaît Joshua Tillman pour avoir été le batteur des Fleet Foxes. On le connaît aussi pour avoir oeuvré en solo sous son propre nom et avoir sorti une poignée d'albums folk plutôt réussis.
Fear Fun est le premier album en revanche qu'il sort sous un autre nom que le sien. Ce Father John Misty est donc le nom de son nouveau projet solo. Et s'il a abandonné son propre nom, il a aussi abandonné l'idée d'une americana sèche comme le grand canyon et belle et chante comme une ville fantôme.
Fear Fun, sans aller dans la luxuriance des jardins à l'anglaise, est beaucoup plus enjoué, moins aride surtout, et s'ecoute presque comme un disque pop. C'est-à-dire que même sans être anglophone, on profite aisément des mélodies de chaque morceau, sans se dire que "ce serait probablement intéressant si on compenait les textes mais là, c'est vraiment chiant" (si si, on se l'est tous dit à un moment ou à un autre). Sans compter que de toute façon, la prononciation de Tillman est suffisamment bonne pour que, avec un petit effort, on comprenne l'essentiel de ses propos.
Quoi qu'il en soit on est bien loin du combo guitare (très) sèche / textes déclamés ici et les morceaux s'enchaînent sans lassitude.
La voix aérienne et les arrangements délicats nous rapprochent parfois de Beach Boys comme sur "Nancy from now on" et quand les sonorités se font plus country, c'est toujours dans l'élégance d'un tubesque "I'm writing a novel" reprenant les canons du genre (piano martelé, rythmique simplissime) pour en faire une joyeuseté pop grâce à cette voix mélodique et perchée.
Tillman joue de l'alternance et du contrepied en enchaînant "This is Sally Hatchet" et "Well, You can do it without me", mêlant habilement ficelles pop et cordes folk.
De même, le violon exhubérant (voire agaçant) de "Tee pees 1-12" tout droit venu du Klondike fait place à la très jolie ballade "Everyman needs a companion", parfaite de délicatesse.
Fear Fun est vraiment un très bel album qui devrait tout autant ravir les fans des Fleet Foxes que les nouveaux venus. Pour les fans de Tillman époque solo, on perd certes en simplicité mais on gagne largement en plaisir d'écoute tant en ce qui concerne les compositions en elles-même que les superbes arrangements.
Ce révérend là est donc très recommandable et sa prêche aussi chouette que la pochette colorée de l'album. |