Konstantin Gropper, tête pensante du groupe allemand Get Well Soon, est un garçon manifestement délicat et très subtil. Leur troisième album porte un nom étrange : The Scarlett Beast O'Seven Heads, et la pochette, avec piaf empaillé et jambon suspendu, en memento mori moderne laisse perplexe.
Pourtant, les heureux qui ont entendu Vexations, le petit frère de celui-ci, retrouveront avec un plaisir non dissimulé l'orchestration lyrique, le chant un peu distant et habité et les choeurs de sa soeur Verena Gropper, envolées célestes. Avec ici quelque chose de moins évident, de plus dense. Pour les autres heureux, ceux qui découvrent, disons qu'ils s'apprêtent à pénétrer une musique riche, entre symphonique et synthétique, teintée de la nostalgie d'un autre temps et peuplée d'images, de références aux cinémas.
On y trouve les plaines du Far-West bolognaise (banjo, chant comme le vent qui pousse des ballots de paille), mais aussi quelque chose d'un Barry Lyndon, sa lumière brute et poudrée, voire (déformation d'un temps) du Visconti de Ludwig, baroque introspectif et sublime. Pour élargir, le clip de "Roland, I feel you" joue d'ailleurs entre Sergio Leone, Dario Argento, Jodorowsky et Kill Bill, rien que ça.
Car attention, cérébral et lyrique n'est pas pompeux ni pompier : l'animal est fougueux, joueur et il est bien de son siècle. Un garçon qui nomme ses chansons "Let me check my mayan calendar" ou "You cannot cast out the demons (you might as well dance)" - le dernier et sans doute le meilleur de l'album - ne saurait être sinistre… Délicat et subtil disait le chapeau (entre haut-de-forme et Stetson 2.0). |