L’histoire est belle, le résultat est magnifique. Tombé amoureux d’une islandaise dénommée Harpa, Mike Lindsay, chanteur de Tunng, finit par être hanté par l’île tout entière. Obsédé par l’Islande, il décide de s’y installer et d’enregistrer un disque avec une idée simple : retourner à Husavik, petit village de pécheurs faisant donc face à la "Cheek Mountain".
Une idée simple, comme évidente et viscérale pour le chanteur, mais aussi presque conceptuelle puisque Lindsay part seul sans véritable idée musicale et avec le moins de matériel possible. Ce qui aurait pu être un disque comme celui de Justin Vernon, enregistré en solitaire, reclus dans un minuscule studio se trouve être un album emprunt d’une extraordinaire humanité.
Accompagné au fur et à mesure du temps par de nombreux musiciens locaux : violonistes, trompettistes rencontrés le plus souvent au pub et même entouré par une classe de musique jouant du balafon, la musique de Lindsay devient une ode aux rencontres, à l’amitié, à l’Islande : ses paysages et ses gens. Et on imagine rapidement au gré de la musique, la beauté des lacs, l’immensité des montagnes, le vent, le froid, mais aussi les discutions, les rires au pub. "With the sun in your face you see a question mark in the mountain" chante Lindsay dans "Spirit Fight" et ce sont des histoires de fantômes, de fonte des neiges, d’amitié et de grands espaces qui nous sont comptées.
Moins électronique qu’avec Tunng, la folk de Mike Lindsay n’en respire que plus mais ne déboussolera pas forcément ceux qui ont apprécié …And Them We Saw Land ou Good Arrows grâce à des mélodies toujours aussi enlevées et magiques. L’histoire est belle et le résultat est un sacré remède à la morosité ambiante… |