La deuxième journée démarre avec la mini-claque du festival : La Femme. Avec les français, c'est l'effet Kiss Cool assuré. Leur musique a beau emprunter beaucoup au passé, c'est un concentré de fraîcheur et de vitalité. Au centre de la scène les deux choristes / claviers, fort jolies, concentrent l'attention en se déhanchant et en minaudant aussi pas mal (surtout la brune en robe blanche). Elles sont entourées par deux synthés masculins, l'un enduit de peinture verte, l'autre portant une couronne de fleurs, le tout dans un esprit très We Love Green.
A droite de la scène un guitariste qui fait un peu la tronche mais qui fait bien son boulot. Cheveux teints et couronne de fleurs également. Quand il ne joue pas de guitare, il s'essaie... au synthé.
Au fond de la scène, un musicien au visage peint en vert s'occupe des percussions et... d'un clavier. Au final seul le batteur – crinière verte, cela va de soi – ne bidouille pas de synthé.
En plein milieu d'après-midi, les festivaliers ayant fait le déplacement apprécient tout en se dorant la pilule au soleil. Les titres s'enchaînent sans que la tension de retombe. De "Sur La Planche" à "Télégraphe" en passant par "Anti Taxi !" (où comment être rock et écolo), La Femme creuse son sillon à mi-chemin entre le surf rock et les claviers 80's, et avec un hédonisme pleinement assumé. Une très belle découverte. Hédonisme, ce n'est pas le maître mot de Micachu & The Shapes. On a du mal à accrocher à leur rock déstructuré, lo-fi et brouillon. La voix rauque et peu mélodieuse de Micachu n'arrange rien à l'affaire. Nous passons notre chemin et en profitons pour sillonner les stands du festival, où les volontaires très pédagogues ne ménagent pas leurs efforts pour nous apprendre à trier nos déchets et avoir les bons gestes écolo.
Une dégustation de boisson bio plus tard, nous revoilà devant la scène, pressés de revoir Camille après son passage triomphal au Café de la Danse l'an dernier. Pas le temps de s'ennuyer, la chanteuse est en grande forme. Toujours centré sur Ilo Veyou, le spectacle est total. Triturant ses chansons, jouant avec celles des autres (Michael Jackson), tantôt virtuose, tantôt sensible, tantôt drôle, tantôt déjantée, Camille relègue la concurrence francophone loin derrière. Une fois les principaux titres d'Ilo Veyou interprétés avec brio, Camille – vêtue d'une robe dorée – revisite ses albums passés : "Ta Douleur", "Paris" et "Cats & Dogs" viennent rappeler que le talent de la dame n'est pas né de la dernière pluie.
Beirut non plus n'est pas un nouveau venu. Curieusement, le groupe de Zach Condon a traversé les années 2000 sans parvenir à soulever chez nous un intérêt démesuré. Mais si les deux premiers albums ne nous avaient pas ému plus que cela, The Rip Tide – sorti l'été dernier – a été pour nous une révélation.
La version live de l'affaire aboutit à un sentiment mitigé : si le charme des morceaux et la voix envoûtante de Condon séduisent, on reste un peu sur notre faim, avec l'impression d'avoir écouté l'album assis dans un pré.
La setlist parcourt les trois albums du groupe, proposant des morceaux de choix de The Rip Tide ("Vagabond", "Santa Fe", "Port Of Call", "The Rip Tide").
Ce concert nous offre l'occasion de réévaluer à la hausse des morceaux comme "Elephant Gun" (au faux air de "Port Of Call"), "Postcards From Italy" et son ukulélé, "Nantes" ou encore "The Shrew" qui, avec ses cuivres sortis tout droit des Balkans et sa trompette mélancolique, nous transporte dans un film de Kusturica.
Le public se manifeste bruyamment à chaque début de titre puis écoute religieusement la suite des morceaux, lesquels ressemblent note pour note à l'original.
Et c'est là où le bât blesse : les chansons sont très bien interprétées, mais on ne perçoit pas de variation par rapport aux versions des albums. Reste que, bien servi par ses cinq musiciens (2 cuivres, 1 accordéon, 1 batterie et 1 contrebasse), Zach Condon remporte les suffrages grâce, notamment, à une voix qui charrie son lot d'émotions.
Après les subtiles trompettes, les envolées lyriques et le ukulélé, Klaxons déboule et nous détruit les tympans. Pas connus pour faire dans la dentelle, les ex-futurs sauveurs du rock anglais proposent un set ultra efficace dont les titres les plus marquants – excepté "Echoes" – restent ceux du premier disque ("It's Not Over Yet", "Golden Skanks", "As Above, So Below"). Rien de bien nouveau donc mais, comme d'hab, un concert carré des sujets de sa majesté. |