Comme le disait Didier Wampas "Ce soir, ce soir c'est Noel", en revanche dans une abondance de name dropping absolument gratuite, il serait justice de trouver à tout cela un opposé. Car en effet, la vraie question pourrait être, comme le clamait Arlt dans "La Rouille" : "Avais-tu vu venir Noel ?".
Je n'ai jamais était un grand fan d'Oasis mais disons-le franchement, Noel Gallagher m'a toujours été sympathique, bien plus que son crétin de frère, qui m'a toujours semblé être à la pop ce que Sid Vicious était au punk. D'ailleurs, l'aventure Oasis s'est toujours résumée à ces quatres lettres : Noel. C'est donc pour cela que je suis allé à l'Aéronef en ce soir d'octobre, là où je ne mettrais jamais les pieds à un concert de Beady Eye.
De plus, Noel Gallagher fait partie de ces songwriters majeurs, qu'on le veuille ou non, de cette vaste affaire que l'on appelle vulgairement la musique populaire du vingtième siècle. Car l'impact d'un morceau comme "Wonderwall" a définitivement changé la face du monde. Cela s'est d'ailleurs directement ressenti dans l'ambiance présente dans la salle sur-bondée. Noel est accueilli comme une idole, le public crie son nom, chaque chanson débute et se termine par un tonnerre d'applaudissements et la foule chante chaque refrain en choeur.
Pourtant, Noel et son nouveau groupe les High Flying Birds (dans lequel on retrouve néanmoins Mark Rowe d'Oasis aux claviers) ont joué la quasi intégralité de leur unique album éponyme. Et cela est rassurant de voir que les gens, bien qu'ici présents avant tout par nostalgie, suivent toujours les nouveaux projets de leurs idoles.
Les fans d'Oasis ne furent d'ailleurs pas lésés puisque, sur les 20 morceaux présentés ce soir, 8 étaient des morceaux de la grande époque. D'ailleurs, le premier morceau de la set list fut un réjouissant "(It's Good) To Be Free" qui était la face B du single "Whatever", que l'on a aussi retrouvé, mais cette fois au cours du rappel.
Néanmoins, le moment le plus fort du concert fut une reprise acoustique de "Supersonic" après une intro finger-picking sur le thème de "Wonderwall", uniquement interprété par les deux ex-Oasis, prouvant à ceux qui hésitaient encore que c'est une putain de bonne chanson. Les frissons furent donc de la partie.
L'on reprochera néanmoins, pour les plus mauvaises langues, la non présence de Damon Albarn... mais surtout, et cela a toujours été le principal problème de Noel Gallagher, le manque de variations dans ses compositions, bien que restant d'une efficacité redoutable. Mais si cela prend au début, cela finit par lasser. Voila pourquoi Oasis m'a toujours semblé plus mineur qu'un groupe comme Supergrass ou bien évidemment Blur. Mais bon, si on n'a pas réinventé la musique ce soir, la soirée fut bonne en sueur et c'est tout ce qui compte.
Le rappel fut intégralement consacré aux tubes d'Oasis, avec "Whatever" donc, suivi d'un "Little By Little" qui reçut un accueil spectaculaire du public, avant de conclure sur ce qui reste peut-être la meilleure chanson du groupe de Manchester "Don't Look Back In Anger", véritable composition de génie, qui fut accueillie comme il se doit par une longue ovation.
Noel a donc prouvé ce soir que malgré son passif, il était possible de continuer sur la même lignée sans se planter, en proposant des chansons efficaces sans prétention, ayant avant tout pour but de redonner le sourire en ressoudant les foules. La musique populaire peut donc dormir tranquille, car Noel ne lui mettra pas une bûche mais continuera de l'enguirlander de ses plus belles couleurs et lumières. Pas de quoi avoir les boules, en somme... |