Le danger de la lumière...
S'il y a une chose que l'on n'aurait pu deviner à l'écoute du délicat et hanté Monday's Ghost (2008), premier album de la toujours jeune chanteuse suisse Sophie Hunger, c'est que l'artiste risquerait un jour de s'approcher dangereusement de la variété la plus triste.
1983 aurait peut-être déjà pu nous mettre la puce à l'oreille en 2010, mais on n'était sincèrement pas préparé à ce The Danger of Light, troisième opus au total décevant, qui consacre un virage musical vers une consensualité un peu triste.
Hunger y donne de l'ampleur à sa voix, y exploite un art d'écrire la musique maintenant assuré – peut-être trop, justement, car il manque à tout cela un tremblement, une hésitation, bref : une fragilité. Au total, nous reste quelque chose comme une Céline Dion passée à la protest song un peu facile. Jamais le trombone (jadis crépusculaire, chaud, habité) de Michael Flury n'aura semblé si gratuit.
La déception est comparable à celle que l'on aura ressenti à l'écoute des derniers Polly Jean Harvey ou Cat Power : pas même l'outrage d'un mauvais disque. Juste le mou désintérêt de la distance qui se crée.
Pourtant, la chanteuse s'était donné les moyens d'une musique plus aventureuse, en s'associant, hors de sa zone de confort musical, à des musiciens d'horizons divers (en vrac : des gens des Red Hot Chili Peppers, Arcade Fire, Silver Mt Zion, Danger Mouse, Bright Eyes...) et en allant promener ses sessions d'enregistrements jusqu'à Los Angeles et même jusqu'à l'Hotel2Tango de Montréal (pour une "session bonus" disponible seulement sur l'édition deluxe de l'album).
La sauce n'aurait pas prise, tout simplement et chacun se sera réfugié derrière ce qu'il sait faire : de la musique, propre sur elle à défaut d'être inspirée ? |