Pour cette nouvelle saison muséale, le Musée National du Moyen-Age propose de poursuivre en Croatie le périple en Mitteleuropa initié en 2010 avec l'exposition "L'art en Slovaquie à la fin du Moyen-Age".
En collaboration avec le Ministère de la Culture de la République de Croatie, l'exposition "Croatie médiévale - Et ils s'émerveillèrent..." invite à la découverte des chefs d'oeuvre de la sculpture, de l'enluminure et de l'orfèvrerie croates du 9ème au 14ème siècle qui constituent des pièces maîtresses du patrimoine croate et dont certaines s'avèrent exceptionnelles tant par leur magnificence que par leur rareté.
Conçue sous le commissariat de Nikola Jakšić, professeur émérite de l’Université de Zadar, Miljenko Domijan, conservateur en chef, Élisabeth Taburet-Delahaye, directrice du Musée de Cluny, et Michel Huynh, Conservateur en chef au Musée de Cluny, l'exposition bénéficie par ailleurs d'une belle scénographie réalisée par Iva Berthon Gajšak et Giovanna Comana du Bgcstudio.
La Croatie médiévale : un art européen des merveilles
La sélection d'oeuvres présentées illustre tant la communauté d'expression artistique des peuples des grandes migrations des 6ème-8ème siècles que le particularisme de la création médiévale dalmate.
Celle-ci se caractérise par l'assimilation personnelle de l’héritage paléo-chrétien dans la sculpture dalmate, avec les pièces liturgiques et les bijoux, qui attestent du savoir-faire des orfèvres et joailliers croates, le rayonnement de l'orfèvrerie vénitienne, notamment à son apogée au 14ème siècle, par le style des figures, la technique de émaux et l'ornementation végétale, et la détention d'un ensemble unique en Europe de reliquaires anthropomorphes.
Au croisement des routes entre Occident et Orient et ayant bénéficié du regroupement de l'Empire carolingien et du royaume angevin de Hongrie, la principauté croate née au 9ème siècle fondée par "les plus anciens des slaves et les premiers convertis au christianisme", a conservé intacts de nombreux édifices sacrés dont les trésors ont traversé les siècles.
Sont présentés un fragment de fronton d'église votive, une Vierge à l'enfant dans le style toscan en marbre sculpté en bas relief peint et doré et des manuscrits enluminés destinés à un usage liturgique mais également des manuscrits profanes, ouvrage de philosophie et décrets.
Par ailleurs, l'exposition présente un très beau florilège d'objets en métaux précieux, notamment en argent doré rehaussé d'émaux et de pierres précieuses, telles la mitre du trésor de la cathédrale de Zagreb et la superbe couronne de Zadar, ainsi que des bijoux et des pièces d'équipements d'apparat qui étaient déposés dans les sépultures.
S'agissant de l'orfèvrerie liturgique, les monastères urbains détiennent un important thésaurus de vases liturgiques et une grande variété de reliquaires dont les pièces les plus spectaculaires sont incontestablement les reliquaires anthropomorphes qui apparaissent au 10ème siècle.
Ainsi en est-il des reliquaires de calottes crâniennes, comme le chef reliquaire de Saint Jean l'aumonier avec un cristal de roche sur le front qui permet de voir la relique,
Et, surtout, les membres dont les reliquaires de bras de Saint Blaise du 12ème siècle avec en arrière-plan un ensemble de relief en argent repoussé et ciselé, constitué de la Vierge à l'enfant et onze apôtres, seuls vestiges d'un imposant retable d'orfèvrerie du maître autel de la cathédrale de Split.
Cette exposition s'inscrit également dans le cadre du festival "Croatie, la voici" qui se déroule en France pendant le dernier quadrimestre 2012. |