Ça commence un peu comme du Radiohead de cowboy, de la country indie-rock.
Ça sent le whisky pur grain, le fast-food de bord d'autoroute, de temps en temps le gras d'un donut. On imagine bien les membres du groupe porter chacun leur prénom en J : Jack, Joe, John, James, Jim... Il y a les longs chorus de fin de morceau, reprenant ad lib le refrain sur les emportements d'une guitare adéquatement saturée, une section rythmique impeccable de précision. On imagine déjà la fumée, tous projecteurs braqués sur le chanteur, forcément beau.
Ça sonne américain. Très américain. Très très américain. Trop américain, éventuellement, parce que les p'tits gars de Mayreed viennent de Douai. On ne s'attendait pas à ce qu'ils sortent l'accordéon et les bérets, ni même à ce qu'ils tranchent la question du chant en faveur d'une francophonie ambitieuse et risquée. Mais avaient-ils besoin d'être plus royalistes que le roi ? Avaient-ils besoin de nier ainsi ce qu'ils peuvent être, jusqu'à leur amour même de la musique du grand ouest, leur façon frenchy d'aimer le rock de là-bas, pour n'en être plus que des incarnations un peu lisses ?
Ça a en tout cas le pouvoir de l'évocation d'un ailleurs. À défaut d'être réellement inventif, le disque se révèle efficace dans ce registre, appliqué et humble, et impose Mayreed en docile évocateur local d'un univers lointain et mythique.
Ça n'est déjà pas rien. |