Avec un nom en forme d’éternuement moldo-slovaque et une affiche minimaliste en noir et blanc pour du néo folk caucasien du temps du mur, les Zlot n’ont pas fait dans la facilité pour attirer le chaland.
Par ailleurs, si la curiosité vous pousse à aller sur leur site web, leur présentation synthétique "ZLOT, c’est léger comme un pachyderme dans une montgolfière" fait craindre le bon gros registre la danse des canards.
Poursuivant la lecture de l’intro, on rectifie le tir. Avec les phrases suivantes, "Des mots qui piquent et des airs qu’on retient, ZLOT chante la dérision, l’ironie et le cynisme d’un monde dont le spectacle l’inspire. Bousculant préjugés et idées reçues, ZLOT révèle un univers riche et bigarré." nous voilà projetés du côté de la chanson française néo-réaliste avec peut être une pointe de métissage, terme fort usité en ce moment, souvent accolé à festif il est vrai.
Et puis, on regarde les photos, on découvre le duo, une fille et un garçon, et on se demande si ce ne sont pas finalement des clowns.
Sur la petite scène en sous sol des Blancs Manteaux, une potence avec quelques sonnettes, une vieille valise, un xylophone d’enfant, une cymbale. Noir. Lumière. Un guitariste, petite tête de piaf avec cheveux en pétard et chemise vintage obédience indochine. Puis entre une petite brunette rigolote aux joues rouges, au physique qui rappellerait Sabine Azéma juvénile, affublée d’une robe imprimé années 70, collants résille et doc noirs, et d’une ceinture à laquelle sont pendus par les anses deux sacs plastiques, de ceux que vous trouvez dans votre supermarché préféré. Deux mimiques et c'est parti. Lui guitare acoustique, elle batterie version sans batterie.
C’est parti pour une heure de spectacle complet, visuel-musique-textes pour asséner sous couvert de pantomime acidulée et rigolote des brûlots caustiques qui voisinent davantage avec le punk qu’avec Edith Piaf.
Laurent Imessounene n’est pas un gratteux à deux balles mais un excellent guitariste qui domine ses partitions sans souci même s’il prend parfois des airs de demeurés et Virginie Coze tient la rythmique avec brio qu’il s’agisse de sac plastique, de râpe ménagère ou de valise. Duo de musiciens, mais aussi duos de voix pour des textes comme "Le grand père" ou "Tu es belle" qui donneraient un peu froid dans le dos s’ils n’étaient pas distillés avec des mines ravies et des airs guillerets.
Bon, bref, il faut aller voir – et écouter - de visu.