Comédie dramatique mise en scène par Pietro Marullo, avec Audrey Brooking, Alessandro de Pascale-Kriloff, Valentina Fago et Nina Greta Salomé.
Quelques mois avant les révoltes du printemps arabe les travailleurs saisonniers de la région de Calabre en Italie descendaient dans la rue pour manifester contre leurs conditions de travail proches de l'esclavagisme.
Quatre mille africains, souvent en situation irrégulière, viennent cueillir les agrumes en Italie. Ils sont payés 20 euros par jour pour souvent travailler 12 heures d'affilée. Leurs employeurs les logent dans des usines désaffectées, dans des conditions déplorables. Ils travaillent derrière de hauts murs protégés du regard des curieux par la mafia calabraise.
La pièce du Collectif Aux Rêves De Nos Enfants pose la question de la politique d'immigration et de ses conséquences sociales.
Alors que les champs brûlent au fond de la scène sur une vidéo, un lapin, un kiwi tombé d'un panier et une orange pourrie entament une conversation sur la situation des travailleurs. Ce décalage entre les personnages en scène et les sombres propos, plutôt que de provoquer l'amusement, crée une un malaise tout lynchien chez le spectateur.
La mise en scène de Pietro Marullo vient renforcer par la danse le choc des images projetées ans en arrière plan. Le constat est amer, la révolte a échoué, la population locale touchée par la crise leur est hostile, la classe politique corrompue ne s'est pas engagée en faveur des esclaves qui travaillent encore sur le sol européen.
Pièce au thème original et fort, on regrette pourtant que "Arance" se contente de montrer une situation économique et sociale bloquée. En effet, la pièce elle-même, passé le premier effet de surprise, semble bloquée dans cette situation de constat, et ce malgré l'engagement physique des acteurs.
Peut-être cet immobilisme rappelle-t-il la situation que vivent ces travailleurs exploités et sans avenir, mais la révolte telle que ces travailleurs l'ont mené, aurait pu amener un peu d'espoir à cet essai théâtral et sociologique bien amer. |