Neuvième album pour Tue-Loup, la formation regroupée autour de Xavier Plumas et Thierry Plouze. Où la bande retrouve quelque chose de vénéneux dans la voix et les atmosphères lentes – quelque chose de l'aconit tue-loup, cette empoisonneuse, peut-être ? Quelque chose, en tout cas, du feu qui dévorait de l'intérieur ses premières pièces.
"Le couchant", qui ouvre l'album, n'est pas tout à fait "Veltra" (souvenez-vous... La Bancale, 1998), mais on y retrouve toute la noirceur triste, rentrée, maléfique, qui avait fait que l'on avait tant aimé les premiers et deuxièmes pas de la formation. Cette épaisseur chaude, ces bras tristes et brisés dans lesquels venir se blottir. Cette poésie jamais désabusée, jamais naïve, saoule de sa propre encre. Noir, noir, noir. Rougeoyant.
On songera, parfois, à Jean-Louis Murat, Jack the Ripper, aux Hurleurs, même... mais surtout, surtout, surtout aux premiers albums du groupe eux-mêmes tant la formation semble avoir fait une véritable cure de jouvence, retrouvant en même temps que sa nonchalance les grondements telluriques de ses guitares saturées, noyant dans leur groove froid les plaintes rocailleuses d'un Xavier Plumas moins bavard et en grande forme.
Avec son titre humble, 9 pourrait bien être l'album d'une certaine consécration pour les sarthois. Ils ont grandi (le contraire serait un scandale) mais prouvent avec ce nouvel opus qu'ils n'ont pas vieilli, ne se sont pas assagis ni rangés des bagnoles. En fait, ils semblent avoir trouvé entre la souffrance et l'ennui une juste mesure et 9 est leur meilleure proposition depuis de longues années ; disons : au moins depuis Penya (2002), la dernière réellement inspirée.
Exit les atmosphères bucoliques gentillettes. Ici tout suinte de la moiteur collante d'une fièvre malsaine, les angoisses et obsessions nocturnes envapées, un putain d'été. "Margot", "Le couchant", "Mark-Mark", "Marinette", "Les Abysses"... autant de titres imparables, dans la meilleure tradition de ce que le groupe sait faire de mieux. Bien assez pour que l'on soit heureux, au total, de pouvoir continuer à aimer Tue-Loup avec tant de facilité. L'évidence même. |