Kevin
Coyne, qui vit en Allemagne depuis une vingtaine d’années,
terminait une courte tournée anglaise par un enregistrement
pour la BBC (retansmis le 7 novembre *) et un concert au célèbre
100 Club, à Oxford Street.
La salle est fameuse pour avoir accueilli depuis des décennies
tous les grands et petits noms du rock. Kevin, toujours ravi de
revenir dans son bon vieux Londres, s’émerveillait
de voir que le club n’avait pas changé depuis 20 ans...
Les loges (un grand mot pour un placard à balai étroit
où s’alignent trois mauvaises chaises en plastique...)
font partie de son top-ten des pires trous à rats qu’il
ait visité en 40 ans de carrière.
En première partie : Paul the Girl.
Exceptionnel ! Imaginez une Anglaise, la plus ordinaire des Anglaises,
mal fringuée, avec un air et un look invraisemblable, à
faire tapisserie dans les fêtes locales. Elle monte sur scène
avec une Gretsch orange et... tout se déchaîne.
Seule pendant trois quart-d’heure, Paul (c’est vraiment
son nom !) s’impose comme une singer-songwriter étonnante
et qui n’a pas finit de faire parler d’elle. Des textes
noirs, une guitare qui passe du minimalisme au rock violent et débridé.
Espérons la voir bientôt sur scène chez nous.
La salle est pleine de fans, vieux et jeunes : Londres, c’est
la ville de Coyne ; tout le monde vient lui serrer la main, lui
dire Welcome back ! Backstage, Kevin retrouve trois des musiciens
qui l’accompagnaient il y a tout juste 30 ans lors d’un
concert mémorable à Hyde Park devant 70 000 personnes
! Les voir tous ensemble à nouveau, les entendre évoquer
le passé, rencontrer le magnifique guitariste de blues Gordon
Smith, ce n’est pas rien pour un fan...
On l’avait vu au Nouveau Casino en février dernier
avec Jeffrey Lewis, la santé de Coyne ne s’arrange
pas : il souffre d’une maladie pulmonaire qui lui interdit
tout effort physique. Et bien des membres du public se demandent
en effet si une tournée dans son état n’est
pas une folie.
On le voit arriver à petit pas, ses musiciens l’aident
à monter les marches qui mènent à la scène,
il ne quitte plus son appareil respiratoire et doit passer le concert
assis. Mais, miraculeusement, sa voix est restée intacte.
Les sceptiques sont emportés dès les premiers titres.
Kevin Coyne sait toujours bâtir et offrir un show compact
et parfait. Comme d’habitude, on reste béat devant
la force qui se dégage de ce corps diminué, on rit
à ses textes improvisés et nous serons plusieurs à
avoir les larmes aux yeux en le voyant vouloir se lever pendant
un "Dynamite Days" survolté,
mais devoir se rasseoir après quelques phrases...
On retrouve un ami et on a peur que ce soit pour la dernière
fois...
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