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puce Le naufragé
Théâtre de la Bastille  (Paris)  novembre 2012

Texte de Thomas Bernhard dit par Armel Veilhan dans une mise en scène de Joël Jouanneau.

Pour entrer dans l’œuvre littéraire de Thomas Bernhard, "Le naufragé" est sans doute le roman idéal. Pour une fois, le narrateur ne peut être confondu avec l’auteur. La verve, le pessimisme noir, les sarcasmes de l’écrivain autrichien ne sont pas seulement au service d’un exercice de style destructeur en forme de critique radicale de l’humanité.

Ici, le narrateur revient sur le suicide d’un de ses amis, Wertheimer, et en recherche les causes dans leur jeunesse commune.

En compagnie de Glenn Gould et de Weithermer, il était en effet un des élèves du célèbre pianiste Horowitz. Tous trois virtuoses, tous trois assoiffés d’absolu, tous trois promis à des carrières brillantes… Le hic, c’est que Glenn Gould écrasait les autres de son génie musical, leur rendait impossible le rêve d’atteindre l’inaccessible.

Ne leur restait qu’une solution : renoncer aux notes et sombrer dans les mots. Chose d’autant plus pénible qu’ils voyaient dans le même temps Gould s’enfermer dans l’autisme de son génie, n’en faire qu’une monomanie somptueuse.

Bref, dans "Le naufragé", Thomas Bernhard montre combien la folie rôde autour de la création, lui tient lieu de double et la nourrit fatalement.

Pour s’emparer de ce texte et le mettre en scène, Joël Jouanneau a choisi la simplicité et la limpidité. Pas question de se laisser enfermer dans les heurts, les cris, les ratiocinations chers à Bernhard.

Quand il pénètre sur la scène, Armel Veilhan est un homme normal qui arrive la casquette sur la tête. Sur le ton de la conversation, n’élevant la voix que pour souligner quelques mots ou quelques expressions, il va revenir sur le suicide de son ami Weithermer.

Dans le carré noir entouré d’une ligne blanche qui lui sert d’espace, en enlevant sa veste ou en la remettant, en jouant avec un médaillon pris sur le piano posé sur la droite de la scène, il parle avec aisance, étonnamment concentré sur un texte tout sauf facile à dire. On a la réelle impression que la pensée de Bernhard s’écoule naturellement en lui comme s’il la restituait sans l’avoir apprise.

Dans cette belle performance, Armel Veilhan peut se jouer d’un sourcil des aléas théâtraux comme un toussotement, un portable intempestif, ou jeter un petit coup d’œil curieux aux spectateurs indélicats que son récit captivant ne séduit pas.

Pianiste défroqué à l’instar de Weithermer, Veilhan peut également se permettre ce qui sur le papier aurait tout lieu d’un pléonasme : il ouvre le piano et coupe son récit pour jouer quelques minutes avec un beau doigté. Attention, il ne sera pas question de planter quelques accords des "Variations Goldberg". Armel Veihan préfère jouer une œuvre moderne d’une grande sérénité composée par le Japonais Toru Takemitsu.

C’est ce sentiment de sérénité, de bien-être, qui se dégage de cette interprétation formidable du "Naufragé". Pouvoir associer Thomas Bernhard et sérénité intriguera ceux qui connaissent bien l’œuvre du dramaturge autrichien, mais l’adaptation de Joël Jouanneau justifie magistralement cette relecture étonnante et passionnante.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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