Comédie d'après l'oeuvre de Shakespeare, mise en scène de Hubert Benhamdine, avec Nicolas Devort, Nicolas Fantoli, Angèle Humeau, Laure Sardin et Charles Templon.
Hubert Benhamdine s'est emparé du mythe des amours tragiques tel qu'il a été immortalisé par Shakespeare dans "Roméo et Juliette" pour en faire une parodie qui s'inscrit dans le registre du comique appuyé et décomplexé pratiqué par des aînés glorieux dont les Monty Python, le Splendid, les Robins des Bois et plus récemment le duo Sébastien Azzopardi et Sacha Danino.
Autant l'indiquer in limine de manière à prévenir le puriste de passer son chemin pour lui éviter de se faire inutilement du mal et de pousser des cris d'orfraie en hurlant que c'est Shakespeare qu'on assassine.
Aussi ce "Roméo et Juliette - La version interdite" constitue une comédie parodique, farce bouffonne et néanmoins satirique, dans laquelle si la trame tragique est conservée, les nobles personnages d'origine ont été remplacés par une brochette de psychopathes, de névrosés et de caractériels qui, dépourvus de toute inhibition, laissent libre cours à leurs obsessions débridées et substituent à la beauté des vers rimés la trivialité prosaïque du langage béotien.
Dans l'astucieux décor de petit théâtre à rideaux mobiles représentant les différents lieux sous forme de dessins noir et blanc conçu par Philippe Varache, qui a également confectionné les costumes d'époque, un quintet de comédiens vibrionnants.
Montés sur ressorts et connectés sur courant à haute tension, et ayant totalement intégré les ressorts du comique de situation, ils dispensent, sous la direction de Hubert Benhamdine qui impulse un rythme d'enfer, un divertissement hilarant qui n'a d'autre prétention que de débrider les zygomatiques.
Dans les deux rôles titres, Angèle Humeau et Charles Templon incarnent parfaitement le couple idéal formé par une hystérique violente et un narcissique immature sans craindre l'outrance et la démesure.
Multi-rôles, Laure Sardin, mère folle et Mercurio inverti, Nicolas Fantoli, ange kleptomane et obsédé sexuel et Tybalt sanguinaire, et Nicolas Devort, ange gardien pragmatique, père tyrannique et abbé précieux, sont désopilants.
De l'anachronisme au mauvais goût assumé, la troupe met en pièces les amants de Vérone avec un bel appétit vitriolique et jubilatoire.
|