On ne bulle pas à Angoulême.
Et le mélange des genres déborde le cadre stéréotypé de la BD. On se la joue avant-gardiste au pays du cognac. Et c’est une bonne, très bonne idée que d’oser franchir/briser les conventions du regard.
"Quelques instants plus tard...". L’aventure est dans ces mots, dans le prolongement qu’entretient le suspense. Des termes que l’on trouve généralement en haut de la case pour signifier qu’une autre action se prépare. C’est le passage d’un espace à un autre…
Une confrontation des temps, entre deux cases, deux œuvres.
"Quelques instants plus tard...". Le titre est bien trouvé. Et la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l'Image a la science qu'il faut pour organiser les passages de témoin capables d'éveiller la curiosité et de titiller la sensibilité que chacun des visiteurs a en lui. Comme une clé du bonheur.
Car c’est bien de cela qu'il s’agit.
Un bonheur partagé dans le cadre d’une rencontre BD/Art contemporain qui, sur le papier, ne semble pas si évidente. Et pourtant ! Le "Pop Art" dans ses années folles a su détourner le cadre de la BD pour s’offrir en "œuvre d’art"..
La Cité ouvre ses portes et ses vitrines à l’Art contemporain. Il n’y a pas de confrontation mais bien une complémentarité d’artistes et de bulles. L’art et la BD se veulent en symbiose artistique. Et l’on n'est pas loin de penser que bien souvent ils réussissent à charmer. Oser ! Cette drôle d’idée devenue marotte, on la doit à Alain Huberty qui dirige la galerie "Petits Papiers".
Il ne s’agit pas d’un simple accrochage ; plus complexe qu’elle n'en a l’air, l’idée a été mûrement réfléchie, avec en tête cette drôle de passerelle entre les genres : "Et si l’on croisait les talents ?", "Et si l’on demandait à quarante auteurs de BD de rencontrer quarante acteurs majeurs de l’art contemporain ?". 40 comme les voleurs du conte. Le symbole est fort dans l’apprentissage des arts. Il y a comme une réjouissance dans l’air et dans l’approche des talents.
Osez ! Osez, chère Joséphine. Vous le savez trop bien, les "mondes" ne sont pas fait pour s’ignorer. Ni pour se faire la gueule. Mais bien, grâce au particularisme de chacun, pour construire l’unité. Un truc complémentaire que les artistes ont compris depuis longtemps.
C’est une belle exposition que nous propose la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l’Image, elle va bien au-delà de la confrontation intellectuelle. Elle reflète l’importance de la compréhension de chacun dans sa diversité.
Tout un programme, mais quel programme, quelle exposition ! |