Le 4 décembre dernier, Le HibOO organisait sa première soirée au Café de la Danse. Fiodor Dream Dog a assuré la première partie de soirée, mais vu l’horaire avancé, peu ont pu en profiter (et je n’en faisais pas partie).
Le public est parsemé dans les gradins, tandis que la presse spécialisée et invitée (3 pages de guestlist !) était affairée à siroter bière et vin au bar de l’étage. Rod arrive pour présenter la première artiste, l’anglaise 9Mary, venue sous son vrai nom, Flo Morrissey. Il nous annonce une voix "wow" pour cette adolescente de 17 ans. Elle entre en scène avec sa guitare, ses cheveux longs et son pantalon noir à fleurs, on est dans le San Francisco des seventies. Aux premiers sons de sa voix, on pense immédiatement à un mélange entre Joani Mitchell et Lana Del Rey. Après son premier morceau "Show Me", elle nous livre une reprise fade de "Hope There’s Someone" d’Antony & the Johnsons. Les dix morceaux de sa setlist s’enchaînent, et elle charme le public en parlant en français. Elle a même écrit une chanson dans la langue de Molière, ce qui ravit le public mais blase toujours les gens du bar qui sont décidément plus bruyants que la musique, ce qui énerve vraiment le public qui ne se gêne d’ailleurs pas pour demander aux "crétins d’en haut de respecter les artistes". C’est dit.
Sa voix est en effet sublime, mais au final, toutes ses chansons se ressemblent et aucune émotion ne vient me titiller, à part sur "In a Manner of Speaking", reprise du groupe Tuxedomoon, où elle a vraiment l’air de porter le texte en elle. Elle termine avec son morceau "If you can’t love this all goes away" qui a fait le buzz sur le net. Le public est conquis mais je reste personnellement de marbre. Il n’est pas impossible que d’ici quelques années elle fasse des ravages mais pour le moment, sa belle voix ne suffit pas.
Second artiste ce soir-là, le jeune anglais Jacko Hooper, présenté comme un nouveau Ben Howard. Je ne suis pas convaincue par la comparaison mais on passe tout de suite à un autre niveau lorsqu’il commence à jouer "Too Far To Sea". Un petit côté Damien Rice et Ed Sheeran peut-être. Sa voix n’est pas exceptionnelle mais l’émotion est là, et c’est ce qui importe (mais toujours pas pour les gens du bar, qui commencent vraiment à devenir insupportables).
Il parle peu entre les morceaux, on dirait un grand timide aux allures de poète romantique, qui ne manque pas d’émoustiller la gente féminine présente ce soir. En présentant un de ces morceaux, il nous avoue être ravi d’être à Paris, car c’est un rêve pour lui : "J’ai écrit cette chanson ["Limits Reached"] dans ma chambre quand j’avais 15 ans. Je n’imaginais pas que j’allais la jouer à Paris un jour". Il commence à se passer quelque chose sur scène et il a beaucoup de présence. Alors quand il annonce une reprise de "Fly Me To The Moon" de Franck Sinatra, certaines filles n’en peuvent plus et hurlent comme si elles avaient un boys band face à elles. C’est une version intéressante, mais ça ne vaut pas les trois chansons qui se détachent du lot selon moi : le sublime "November 5th's on", "Medicine" et "The River" avec son refrain "You know just where to find me" qui donne envie à certaines d’aller le retrouver après le concert. Il termine avec "Lullaby" mais revient sur scène car le public en redemande. Et c’est tout gêné qu’il annonce : "Merci beaucoup, c’est le premier rappel de ma vie alors, est-ce que je peux vous rejouer quelque chose ? Qu’est-ce que vous voulez entendre ?". Le public demande "Common Sense". Retenez son nom parce que vous allez entendre parler de lui.
Quel plaisir en tout cas de découvrir des artistes, qu’ils nous plaisent ou non. Garder la curiosité de la découverte est primordial pour ne pas finir blasé et aigri parce qu’on écoute ce qu’on nous dit d’écouter pour être "hype" (toute référence aux gens présents au bar ce soir-là est totalement issue de ma volonté). Merci Le HibOO, on reviendra ! |