Réalisé par Samuel Collardey. France. Drame. 1h42. (Sortie 9 janvier 2013). Avec Marc Barbé, Mytri Attal, Anne Coesens, Marc Berman et Jean-François Stévenin.
Il y a quelques mois, un documentaire "The Black Diamond" décrivait le sort de nombreux jeunes footballeurs d’Afrique noire victimes d’escrocs qui leur font miroiter un contrat professionnel dans une grande équipe européenne et qui se retrouvent au bout du compte sans papiers en Europe ou au Maghreb.
C’est l’histoire que conte dans "Comme un lion" Samuel Collardey. Mitri, un jeune footballeur sénégalais est repéré par un agent recruteur. Sa tante vend, brade même, toutes ses terres pour qu’il puisse partir en France faire fortune en intégrant un grand club.
Las ! Le recruteur marron a empoché le pécule et Mitri, arrivé à Paris, est en situation irrégulière et dans l’impossibilité de rentrer au pays. Dans une belle scène, le jeune footballeur, abandonné par un entraîneur aussi véreux que le recruteur et rendu plus vrai que nature par Jean-François Stévenin, se retrouve tout seul enfermé dans un stade fantomatique.
Mais Samuel Collardey, dont on avait pu apprécier en 2008 "L’Apprenti" (Prix Delluc du premier film), n’a pas envie de coller à la réalité et, un peu artificiellement, permet à son petit protégé aux pieds d’or d’obtenir les sacro-saints papiers pour demeurer dans le si accueillant pays de Messieurs Hortefeux, Guéant et Vals.
Dès lors, on suit par le menu le chemin qui mène un joueur prometteur jusqu’à son premier contrat professionnel. Collardey a la bonne idée de situer l’action dans le Doubs, à Montbéliard, siège des usines Peugeot et de l’équipe de la firme au lion, la mythique équipe du F.C. Sochaux. Mitri est alors confronté à Serge, un ancien joueur sochalien redevenu prolo…
"Comme un lion" de Samuel Collardey est donc une espèce de "docu-fiction", mais dans le bon sens du terme. On y découvre un pays qui vit et vibre au rythme de son équipe de foot, un pays rude et froid dans lequel les hommes ont un grand cœur… de lion.
On y voit comment le football, dans un "monde mondialisé", modèle les destins, interpénètre les êtres, fait se côtoyer le rêve et le cauchemar.
Collardey sait à la fois décrire l’Afrique et la petite bourgeoisie doubiste, pratique les ruptures de ton sans nuire à son récit. On appréciera particulièrement le personnage de Marc Barbé, marqué, voire détruit par le foot, qui va revivre en aidant Mitri à réaliser ses rêves footballistiques.
Certains trouveront une petite parenté entre le cinéma de Collardey et celui des naturalistes à la Pialat. On peut en discuter, reste que c’est un excellent directeur d’acteurs, capable de rendre crédible un village africain comme une noce en Franche-Comté.
Il y a peu de films sur le foot et surtout qui savent s’en servir comme toile de fond. On se souvient du "Cri de Tarzan" de Thomas Bardinet qui s’attachait, entre autres, à la vie d’un jeune supporter bordelais. Collardey, la fantaisie en moins, partage la même envie que Bardinet de faire un cinéma ancré dans le réel mais qui sait s’en détacher quand il le faut.
"Comme un lion" de Samuel Collardey est un film optimiste qui montre qu’à côté du pire, il peut y avoir le meilleur, qu’un enfant africain peut se retrouver sous les lumières du Stade Bonal, en attendant peut-être celles du Maracana ou du Newcomb… |