Beurk, c’est un peu dégueu ça : Digère et recrache. Mon chat a tendance à user de ces pratiques (notamment sur ma descente de lit entre 2 et 3 heures du matin) et c’est méga beurk…
Bon. Ici c’est le Veto des Cabadzi : deux paires de jeunes Nantais. Découverte du printemps de Bourges 2010, qui "boîtent à rythme" ou "cordevocalisent" les arrangements. Il n’y a que les oreilles pointues qui reconnaîtront les beatbox dans les sons, je m’arrête à la contemplation de la prouesse.
Entre slam, hip-hop et electro, les Cabadzi usent des consonnes linguistiques pour servir leurs thèmes. "J’aime pas Noël". Quoi ? Qui n’aime pas Noël ? A part les grincheux ? Ah si, les cyniques aussi qui en ont marre du tonton qui ne jure que par Johnny, les calèches qui bouchonnent dans les rues, la charité Chanel de Bernadette, les psaumes, le foie gras. Ils dénoncent les bougres acariâtres incapables de s’émerveiller sur le vrai.
Parce qu’au fond, ils n’ont pas décroché le prix de Bourges dans une boîte de Bonux les quatre joueurs, ils dénoncent ce qui a fait la gloire de l’après-guerre, de ce qui a emballé l’économie mondiale jusqu’à l’apoplexie : la consommation, poussée par la publicité qui remplace être par paraître, vivre par posséder… qui a presque réussi à nous faire croire que l’argent faisait le bonheur puisque que détenir signifie cool, beau, mieux, chouette, sympa… Mais le monde s’essouffle, la Terre appelle à l’aide, les moutons s’insurgent, une poignée prend l’étendard et secoue les tympans : Cabadzi en est. "Lâchons-les lâchons-tout fuyons soyons fous" ("Lâchons-les").
Oui, c’est la crise, pour certains, une énième publicité pour pousser à l’ultime achat compulsif, pour d’autres, les conséquences de funambules assoiffés : la mouise ("Trader"). Parce qu’il faudrait bien remettre les choses en place et enfin identifier la bêtise qui fait de ton corps une galerie marchande, alors qu’un petit bout qui grave Papa sur l’arbre au fond du jardin c’est tellement plus beau que toutes ces conneries mercantiles ("Avant eux").
Mis à part ces dénonciations, ces points sur les i et barres sur les t, le groupe lie à la perfection les saccades : "Tu me tues si je te dis tout" ("Cruel(le)"), "Le temps passe, efface les pourquoi ci les pourquoi ça" ("Le temps passe"), avec les graves salves des violoncelles, ambiance noire et tendue. Sans vulgarité, sans démagogie, la plume militante, lucide et poétique de Cabadzi dit les choses comme elles sont, point final.
Que ça vous choque, vous interpelle, vous interroge, vous conforte, vous militantise ou autre, Lulu, Vikto, Camille et Jo ne vous laisseront certainement pas indifférent. A suivre. |