Monologue dramatique écrit et mis en scène par Guillaume Vincent, interprété Émilie Incerti Formentini.
Assise sur sa chaise, face au public, Emilie Incerti Formentini est Émilie, une jeune femme volubile, trop volubile. Son flot de paroles cache à peine une maladie qu'elle dévoile peu à peu : elle est maniaco-dépressive, habituée des séjours psychiatriques, sujette à des chutes d'humeur et à des rechutes. Un mot, un détail, un médicament mal dosé et la voilà qui replonge dans ses gouffres intérieurs.
Émilie Incerti Formentini s'affirme d'emblée, dès la première phrase prononcée. Elle incarne l'Émilie écrite par Guillaume Vincent, en fait ce qu'elle veut avec le talent d'une actrice confirmée. C'est peu dire qu'elle est à l'aise dans le rôle : elle donne vraiment l'impression d'être dans une séance chez son analyste.
Le texte de Guillaume Vincent s'apparente à ce que d'aucuns appelleraient du "théâtre documentaire" et pourrait n'être que la redite de l'enregistrement de cette séance, la comédienne Émilie prononçant les mots de la patiente Émilie.
Sans doute, l'exercice aurait été plus vertigineux si la séance avait duré plus d'une heure. Ici, on a parfois l'impression que Guillaume Vincent a procédé à des "coupures" trop franches, qui ne permettent pas à l'actrice de passer naturellement d'un état calme à un état agité par exemple.
La brièveté fait perdre de la compréhension, donc de l'émotion. De même, la tension est parfois perturbée par quelques interférences (une musique, l'intervention de l'auteur dans un dialogue) et - sacrilège suprême - par Émilie qui se lève à un moment de sa chaise !
Guillaume Vincent n'a donc intentionnellement pas voulu un "monologue absolument radical". C'est un choix qui a l'inconvénient de faire planer le soupçon de la fabrication mais, heureusement, la conviction d'Émilie Incerti Formentini repousse toute pensée défavorable à ce "Rendez-vous Gare de l'Est" qui s'avère un beau moment de partage avec le public |