En un mot comme en cent, cet album est bon, beau, bio (oui, je sais, ça fait trois mots tout ça, mais j’ai une dysphasie qui excuse mes difficultés de dénombrement… héhé). Elle, c’est Salomé Leclerc, une québécoise mécénée par Emilie Loizeau (j’ai des zouizoui rouges sous mécéné… bah ça veut dire que c’est elle qui fait la mécène…). Bref, cet album (son premier donc) s’intitule Sous les arbres.
A l’inverse de nombreux artistes, Salomé Leclerc est restée très longtemps avec ses chansons et ses musiques, sa voix feutrée et sa grattouille à deux mains. Elle s’est produiet aux Francofolies de Montréal, a participé à plusieurs concours, fait des premières parties, a écarté des titres, en a créé de nouveaux et traverse l’Atlantique avec ses 12 titres préférés. Le mien, c’est le cinquième : "Love, Naïve, Love".
Entre douleur et douceur, la voix mi-éraillée, mi-caressante, Salomé Leclerc chante "Looove, looooove, lovelove... naïve", à propos de la gentille naïve qui s’est faite attraper par un sombre calculateur qui a "bu dans ma main, a tiré les ficelles, j’étais au fond de lui marionnette sereine". C’est à mon avis dans ce titre qu’elle concentre l’annonce de son talent, sa capacité à hausser le ton augmenter les chuchotis, associer les sentiments aux éclats de voix…
Parce que les instruments sont plutôt discrets, la voix est la ligne directrice de chaque titre, effaçant parfois l’ambiance sonore. Les titres laissent une ambiance générale douce, ce que certains trouvent malheureusement chiant (vous savez, ceux qui tempêtent également quand il y a trop de bruit).
Sur scène, elle est accompagnée de Philippe Brault, le bassiste à deux mains et Benoît Rocheleau, le multi-instrumentaliste à tentacules, présents au moins dans "Tourne encore", tout en tourbillons de manèges, en trompettes et mini-fanfare d’instruments à vents (comme ça ils y sont tous, je ne risque pas le blasphème en ne nommant que trompette-man…).
"Sous les arbres" me fait penser à un "Déjeuner sur l’Herbe" recouvert d’une bonne grosse feuille de papier calque, vous savez, ce truc pas vraiment transparent ni complètement opaque, qui permet de reproduire n’importe quel dessin (surtout ceux que vous ne savez pas faire). Le problème de ce papier (ou l’avantage, ça dépend de ce que vous voulez en faire), c’est qu’il filtre la lumière, qu’il atténue l’éclat des couleurs. Dans le langage courant, il me semble que cette foutue timidité fait la même chose.
Salomé Leclerc serait donc une grande timide, avec la voix rauque et un air folk. Ok. Et, non, je ne l’avais pas oublié, je le gardais pour la fin : le romantisme. Et oui, la douceur, l’amour, les fleurs, les oiseaux, les couchers de soleil et les arbres, c’est le cœur de l’âme romantique, mi-sauvage, mi-apprivoisée, carrément mélancolique.
Du coup, le calque efface les chagrins, les larmes et les blessures. Oui mais, quand même, certains de ses refrains laissent entrevoir des émotions retenues, j’aurai juste envie de dire : lâche-toi ! |