La veille à Bully-les-mines, cité nordiste au nom poétique et sucré, ce jour-là au Mans, c’est la tournée des salles des fêtes pour l’auvergnat qui déplace encore une fois les foules : à la lecture des plaques minéralogiques, les spectateurs viennent de tout l’ouest du pays malgré la pluie.

Ambiance, ambiance...

A l’intérieur, les gens s’installent en silence et dans le calme lorsque les parisiens de Cyan et Ben prennent place sur la grande estrade. Pendant quarante-cinq minutes, ils développeront leur étrange rock progressif qui invite aux songes, posant une atmosphère quelque peu spectrale. Il y a du Low chez eux. Cependant, au contraire des américains, soit le son est trop chargé, soit les compositions trop simplistes. Apparemment ils cherchent la formule magique mais ne l’ont pas encore trouvé.

Murat (presque) sur ses terres

Qu’est-ce qui a fait que ce concert fût à l’opposé des concerts parisiens, tendus et nerveux, des deux dernières années ? Certes, la campagne sarthoise ressemble à s’y méprendre à certains coins de l’Auvergne, l’homme avait de quoi s’y sentir à l’aise.

Pourtant ce ne fût pas aussi facile : quand il monte sur scène, Murat est encore en phase d’observation. Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, il patiente jusqu’au troisième titre - le somptueux et nouveau classique muratien "Parfum d’acacia au jardin" - pour commencer une timide approche avec le public manceau qui répond comme il faut, visiblement.

La glace sera définitivement brisée avec le "Sentiment nouveau" acclamé par les spectateurs. Dès lors, Murat n’aura de cesse d’alimenter un dialogue continu, enchaînant les vannes à quat’balles : on en apprend ainsi de belles sur Niort, son centre commercial, et aussi (le pauvre) Etienne Daho.

Sur le plan musical, Murat bénéficie dans cette salle d’un son exceptionnel. Il pioche dans toute sa discographie et régale les oreilles mancelles, ressortant des cartons quelles vieilleries en particulier "Le lien défait" et le mythique "Terres de France" (mais pas seulement). Il consacre la dernière demi-heure à Bird on a poire dont les quatre titres joués gagnent en fluidité.

Quel plaisir de voir Murat assis sur l’estrade qui chante "Monsieur craindrait les demoiselles" en regardant certains(es) auditeurs(trices) droit dans les yeux !

Après plus de deux heures, le groupe revient sur scène pour finir avec son "Cri du papillon" repris en cœur par les centaines de personnes présentes ce soir-là.
Alors pourquoi cela ne se passe-t-il pas de même à Paris ? Sans doute parce qu’ici tout le monde est de bonne humeur : les artistes ET les spectateurs.

Mesdames et messieurs : si vous assistez aux concerts du Café de la Danse, vous savez ce qu’il vous reste à faire…