Réalisé par Sergio Corbucci. Italie/Espagne. Western. 1h34. (Sortie 23 janvier 2013 - 1ère sortie 1967). Avec
Franco Nero.
"Django" ! Dès le générique, et la musique de ce western-spaghetti (qui, pour une fois, n’est pas d’Ennio Morricone), retentit le nom de son héros "mythique".
Pour ceux qui n’ont pas encore trouvé trois heures de leur vie à passer en compagnie du Django "noir", du "Django Unchained" signé par Quentin Tarentino, celui de Sergio Corbucci, aux yeux d’un bleu mer outremer, aura le mérite de ne leur faire perdre qu’une heure et vingt-sept minutes. Et ils ne le regretteront pas…
Car, l’original vaut toujours mieux que la copie, même si la copie est tournée par un metteur en scène inventif, amoureux du cinéma, et pas par un réalisateur qui n’a jamais mis son œil dans un viseur et qui a le zoom aussi facile que la gâchette de son héros.
Corbucci n’a jamais été un virtuose de l’art cinématographique, mais il a, en revanche, le culot d’un Mocky transalpin avec des idées qui ne sont jamais à "la manière de". Si l’on prend le générique, boueux et craca à souhait, on reste toujours baba devant son audace…
Venant du lointain surgit un Lucky Luke, un Clint Eastwood époque Leone. Mais s’il a le chapeau, les habits poussiéreux et la barbe de trois jours réglementaires du cow-boy de Cinecitta, il n’est pas sur un Jolly Jumper crotté des sabots aux flancs, mais marche… en tirant un cercueil.
On se gardera d’expliquer aux curieux ce qu’il y a l’intérieur de la boîte funèbre et l’on accompagnera Django dans sa promenade macabre laissant le sol fangeux - pour utiliser un euphémisme - jonché de cadavres de racistes, de paysans mexicains et de révolutionnaires dignes de Fernandel dans "Ernest le Rebelle" de Christian-Jaque.
Si l’on est un cinéphile, donc un pervers polymorphe, on préférera le regard christique de Franco Nero, sa voix pas très assurée et ses doutes "d’ange de la mort" à l’assurance cynique et masochiste d’Eastwood dans la trilogie spaghetti de Sergio Leone.
Incapable d’être un génie maniériste comme celui-ci ou son imitateur quentinesque, Sergio Corbucci affronte son sujet sans passer par un second degré qui finit par fatiguer.
Pas question d’humour pour Django, pas le temps de finasser. Entre le moment où l’on coupe l’oreille d’un méchant et celui où il passe de vie à trépas, il ne s’écoulera qu’un ou deux plans plus ou moins bien ficelés pendant lesquels on ne révèlera pas ce qu’il advient de ladite oreille.
"Django" de Sergio Corbucci est un film qui n’a pas pu vieillir. Il est tel qu’au premier jour : aléatoire, foutraque, émouvant, bourré d’idées primaires. On aimera sa modestie à se présenter comme un film de série influencé par la bande dessinée, alors qu’il porte en lui la saleté déplaisante de la véritable tragédie grecque…
Django ! |