Comédie dramatique de Jean-Yves Rogale, mise en scène Raymond Acquaviva, avec Andréa Ferréol, Pierre Santini, Sophie Carrier, Lola Dewaere, Raymond Acquaviva et Cécile Pallas.
Si l’on aime les grands livres d’images, que l’on ne méprise pas le savoir-faire au service d’un vrai spectacle populaire, on ne pourra qu’aimer "La véritable histoire de Marias Callas" écrite par Jean-Yves Rogale et mise en scène par Raymond Acquiviva.
Projet né en 1988, qui aura mis presque vingt-cinq ans à voir le jour, "La véritable histoire de Maria Callas" anticipe la mode actuelle cinématographique, des "biopics" (Biographical Pictures) et tombe aujourd’hui à pic.
En effet, dans cette période où les vedettes du moment sont ceux qui restent enfermés six mois à se chercher des noises dans un faux loft télé, ou pire encore sont des stars simplement parce qu’elles sont photographiées à chacune de leurs sorties nocturnes, on ne peut qu’être heureux de retrouver les hauts et les bas de l’existence d’une chanteuse d’opéra hors du commun.
Croisant dans sa vie un milliardaire qui a fait fortune comme un aventurier et pas en agiotant, s’opposant bec et ongles à la femme du président américain le plus illustre de l’après-guerre, Callas est aussi en lutte avec elle-même, affronte sa mère et son mari, s’oppose à son propre corps, son poids, sa voix.
Callas se bat contre Callas dans un combat de titan qui est bien rendu par la douzaine de tableaux imaginés par Jean-Yves Rogale. Il a eu raison de faire cohabiter sur scène la Callas des débuts, ronde, diva dondon et obsédée par son surpoids pulpeux et la Callas mythique, ayant perdu 45 kilos, devenue une des femmes les plus adulées du monde.
L’une est dans l’autre. Elles ne se succèdent pas, mais se complètent en fragilité, en angoisse, en appétit, en fureur. Callas est tellement extra-ordinaire qu’elle méritait bien de se dédoubler et Lola Dewaere et Sophie Carrier sont parfaites dans ce pas de deux.
Les images qui les entourent sont à leur unisson. Raymond Acquiviva joue magistralement Meneghini, le mari-Pygmalion de Maria, avec un petit quelque chose qui rappellera les compositions de Marcel Dalio.
Pierre Santini ose Onassis en se pourléchant les babines et Cécile Pallas trouve le ton juste pour faire de Jackie Kennedy une puritaine perverse. On n’oubliera pas non plus Andréa Ferréol, en maman qui n’aimait pas Maria.
Et l’on saluera, la "dame blanche" dansant entre chaque tableau, ange de la mort tournoyant au gré des arias de Maria.
Raymond Acquaviva, aidé par les caresses des lumières de Jacques Rouveyrollis, livre un spectacle qui rend vraiment hommage à la Diva des divas. Ce qui n’aurait pu être qu’un très beau défilé de clichés, de gravures d’Épinal, prend peu à peu une autre tournure. On est dans l’émotion théâtrale, celle que Callas, véritable tragédienne de l’opéra, fut la première à savoir rendre sur les grandes scènes du
Elle n’était pas qu’une voix et une vie excessives. Elle était une grande comédienne. "La Véritable histoire de Callas" le dit bien. C’est un exercice d’admiration qu’il ne faut donc pas rater. |