On ne dira jamais à quel point la scène musicale lilloise est active. C'est sûr, il y a là-dedans du bon et du moins bon, du folkeux nerdy-parisianiste qui n'a en main que son propre ressentiment de n'être pas de la capitale, au ch'ti rocker sentant maroille et mangeant chicon.
Mais au milieu de tous ces risibles un peu extrêmes, il y a aussi tout un tas de formations recommandables, aventureuses, créatives, inventives, délicieuses, sincères et dignes de l'intérêt de l'auditeur curieux. Parmi ces formations, il y a les discrets Neko.
Discrets, parce que même si le groupe existe depuis pas très loin de dix ans, le moins que l'on puisse dire est qu'il ne surcharge pas l'espace public, comme le prouve assez bien sa discographie : après un premier EP, Ghost Tracks, en 2005, il faut attendre 2009 pour que lui succède le deuxième EP, One Hit Wonder puis, à la naissance de cette nouvelle année 2013, Radio Edit EP.
Il est pourtant délicieux, le rock instrumental et cinématique de Neko. Ces gars-là ont la modestie de l'artisan doué, certainement, celui qui aime et respecte son art, espère, à chaque fois, être à la hauteur. On peut songer à certains autres noms de ce petit univers-là : Microfilm sans la série B, Yndi Halda sans les violons, This will Destroy you ou This is your captain speaking... Il ne s'agit pourtant pas pour Neko d'appliquer des recettes, loin de là.
Bien sûr, le groupe se produit sur scène avec sous un montage projeté d'images évocatrices ; bien sûr on pourrait dresser la liste de tous les éléments du "cahier des charges post-rock" qui sont utilisés dans sa musique... Mais on n'aurait alors rien dit qui vaille d'être dit.
Ne compte que cela : c'est avec talent que Neko nous offre une nouvelle variation sur ce thème-là. Il serait absurde de reprocher à un groupe de ne pas réinventer la musique à chaque EP – et un tel reproche ne pourrait qu'être la marque d'un esprit étriqué. |