Monologue dramatique de Eric Zanettacci dit par Hélène Vincent dans une mise en scène de Julie Lopes Curval et Hélène Vincent.
Décembre 1942. Ita.L. a 67 ans et s’apprête à écrire à ses enfants. Elle est dans son modeste appartement de la rue du Petit Musc et attend les jeunes miliciens qui doivent revenir la chercher dans une heure. Une heure où elle a le temps de revoir toute sa vie jusque là, depuis l’Ukraine et la Moldavanka.
Alors, Ita se souvient d’Odessa et de son enfance heureuse malgré la pauvreté, de l’insouciance de sa jeunesse et de la robe qu’elle portait à ses noces. Puis leur arrivée à Paris et les relations avec ses voisins jusqu’à la guerre ; les étoiles jaunes, la mort de son mari Salomon à qui elle continue de parler et son fils disparu à Drancy...
Dirigée avec sobriété et justesse par Julie Lopez Curval à la co-mise en scène, éclairée avec talent par Arnaud Jung, Hélène Vincent est absolument éblouissante d’un bout à l’autre de ce bouleversant monologue où avec une simplicité exemplaire, tantôt déchirante ou drôle mais toujours émouvante, elle nous fait partager la vie de cette femme.
Magnifique texte d’Eric Zanettacci, d’une limpidité et d’une vérité constante, qui met en lumière une femme ordinaire ; magnifique comédienne d’une générosité confondante, "Ita L. née Goldfeld" parle à tous d’une époque dont on pensait avoir tout lu ou entendu et qu’on redécouvre avec ce récit universel, sans le moindre effet superflu et éminemment poignant.
Dans la même respiration, comédienne et spectateurs se partagent des larmes qui s’écoulent comme la dernière heure de cette femme, tiraillée entre le désir de fuir et sa candeur devant l’inconcevable.
Magistral. |