Des rayons de soleil me parcouraient malgré l’ambiance hivernal. A la sortie du concert de Zita Swoon Group, le froid piquant tentait de me rappeler à la réalité, mais n’arrivait pas à émailler cette douce sensation.
Une chronique qui débute par des états d’âme météorologiques, je l’admets, paraît mal barrée... N’ayez crainte. Juste que les premiers mots, pour écrire au plus près de mes émotions, n’ont qu’une envie : tourner autour des plaisirs solaires. Le concert de Zita Swoon m’a fait parcourir un gradient émotionnel. Son virage "world music" en est une raison, son identité rock conservée et savamment saupoudrée l’est plus que tout.
Zita Swoon Group, c’est d’abord ce groupe anversois, fondé par Stef Kamil Carlens. Chanteur, guitariste, on lui rappelle souvent ces autres racines musicales : dEUS, dont il a été un des piliers fondateurs avec Tom Barman. Mais très vite, il a voulu créer son propre projet au travers de Beatband, puis Moondog Jr. et enfin Zita Swoon. Le groupe s’est frayé un chemin dans le rock alternatif, mêlant les influences, alliant rock, blues, pop, reggae, ska... Zita Swoon me renvoit tout à coup à tous ces groupes de rock belges. Ceux qui ont bercé les auditeurs de Radio 21, ceux qui ont frayé le chemin : Machiavel, Arno, préparant la voie (x) aux Deus, Ozark Henri, Hooverphonics, Venus... Bref, une scène qui mérite d’être connue.
Zita Swoon Group est parfois décrit comme un "patchwork" musical. C’est le résultat d’un assemblage sublime de différentes pièces, sans aucune coutures apparentes. Je le reconnaîtrai entre mille par sa guitare qui souvent miaule, son mélancolique mélodica et sa voix si caractéristique, douce et rocailleuse. Cependant, ses dernières années, ses derniers albums m’avaient déçue. Le groupe frôlait dangereusement le registre de la variété. Zita Swoon était-il face à un écueil d’inspiration ?
Et puis l’album Wait for me, sorti en mars 2012, a été une métamorphose ou en tout cas un voyage vers un ailleurs. A l’origine, une rencontre chanceuse entre Stef Kamil Carlens et Ibrahim Diallo, du centre de musique du monde d’Anvers. L’opportunité était là : découvrir la culture mandingue, voyager au Burkina Faso, au Mali, découvrir d’autres façons de vivre, de faire de la musique. Zita Swoon Group est parti à l’aventure, humble, d’abord pour écouter les histoires, s’imprégner de la vie, de la culture. Sur sa route, il a rencontré deux griots : la chanteuse Awa Démé à la voix rugissante et le mélodieux Mamadou Diabaté Kibié, joueur de balafon. Quelques mois plus tard, des morceaux naissaient, un album prenait chair.
Stef Kamil Carlen décrit cet album comme un métissage, une fusion. Il ne voulait pas réaliser un album avec une touche d’exotisme, un album qui fait semblant. Il voulait trouver le savant mélange : son rock avec la musique solaire de Awa Démé et de Mamadou Diabaté Kibié.
Sur scène, le groupe a changé de configuration. La place des percussions est importante, pour dessiner l’ambiance solaire. Stef Kamil Carlen s’est quant à lui muni d’une guitare dobro. Lorsque le groupe démarre, c’est d’abord sans aucune parole, comme s’il présentait ce nouvel environnement. On y retrouve la musique de Zita Swoon, empreinte de rock, de blues, rappelant les fans aux racines et les nouvelles influences : des rythmes vibrants, dansants, tribaux, pour annoncer la couleur métissée. Deuxième morceau, deuxième chapitre, début d’un carnet de voyage beau et déroutant : la chanteuse Awa Démé monte sur scène. Ensemble, un dialogue polyglotte se tisse, elle, en dialecte dioula, lui en anglais et français. Tous deux savent rugir de leur voix la plus rocailleuse puis adoucir l’ambiance de leur timbre grave.
L’ensemble est harmonieux, intense et optimiste. Pour autant, les paroles sont graves : elles évoquent la vie africaine, l’immigration, les guerres, l’épuisement des ressources, teintées de sagesse à la manière des griots. L’amitié, l’amour et le plaisir de voyager y sont aussi évoqués. La fin du spectacle approche. Emportée par les rythmes, la magie du mélange, Awa Démé danse. La foule subjuguée aussi. L’ensemble séduit. Le spectacle terminé, Zita Swoon Group, rayonnant, a laissé des ondes positives dans la tête et, sur les lèvres, un large sourire.
En première partie, Wolves & Moons était une agréable mise en bouche. Porté par le leader Richard Allen, le groupe franco-anglais vient de sortir un nouvel EP. Les influences folk sont indéniables, dès les premières notes, dès les premiers mots, il me vient des chansons de Fleet Foxes. Les mélodies sont harmonieuses et emportent l’auditeur vers des courbes célestes. Ne vous attendez pas à une musique énervée, le côté loup-garou est un faux-ami. Pour autant, l’ambiance musicale de Wolves & Moons saura ravir les plus férus de tradition folk. |