Qui ne connaît pas Hitchcock? Les Oiseaux, Psychose, Vertigo,
La corde, Fenêtre sur cour, La mort aux trousses...
Mais avant tous ces grands classiques de la période hollywoodienne,
Hitchcock a commencé sa carrière par des films muets
en Angleterre. Réalisé en 1932, Numéro 17 fait
partie des premiers films parlants tournés par Hitchcock
et des derniers de sa période anglaise.
Ce film est une pure merveille. Et ce à double titre : véritable
morceau d’anthologie, il contient en substance toutes les
marques de fabrique du maître, qui excellait dans la manipulation
du spectateur, et la première utilisation du fameux "Mac
Guffin".
A l’exercice imposé par le producteur, adapter une
pièce populaire qu’il considérait comme un amalgame
de clichés, Hitchcock répond par un thriller débridé
et totalement fantaisiste. En moins de soixante minutes, il nous
propose une sombre histoire de meurtre dans une maison abandonnée
qui se transforme en vol de bijou pour finir par une course poursuite
invraisemblable entre un bus et un train.
Dans la première partie du film, le spectateur est captivé
par une parodie des films expressionnistes, au cours de laquelle,
à grand renfort d’ombres menaçantes, de lueurs
de bougies et de dialogues minimalistes, au cours de laquelle s’emberlificote,
non sans humour ("Une ficelle ? Je l’ai
poignardé avec. Une saucisse qui m’a servi à
l’assommer!" réplique le vagabond sommé
de vider ses poches) une intrigue policière, qui se déroule
dans le décor limité d’un escalier.
Quand tous les personnages, dont les identités et l'innocence
sont pour le moins incertaines, se sont retrouvés dans ce
fameux escalier et qu’Hitchcock a épuisé le
sujet et amené le spectateur au comble de l’ahurissement
et de l’impatience pour connaître le dénouement,
il embraye sans transition dans une poursuite incroyable entre un
train, qui passe sous la maison, et un bus.
Coup de théâtre, suspense et invraisemblance sont
utilisés à doses massives, sans souci du réalisme.
Car l'histoire, le prétexte qui constitue le mobile du héros
et conditionne l'action du film n'intéresse Hitchcock que
dans la mesure où elle lui permet de retenir l'attention
du spectateur et de le divertir.
"Certains films sont des tranches de
vie, les miens sont des tranches de gâteaux" disait
Hitchcock.
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