Comédie dramatique de Karl Schönherr, mise en scène de Martin Kušej, avec Birgit Minichmayr, Tobias Moretti et Werner Wölbern.
Découvertes et anachronisme caractérisent le spectacle du Residenztheater Munich à l'affiche du Théâtre National de l'Odéon pour quatre représentations exceptionnelles.
Découvertes d'un dramaturge autrichien inconnu et sans doute pas seulement du grand public, Karl Schönherr, d'une pièce, écrite au début du 20ème siècle, "Der Weibsteufel", traduit "Le Diable fait femme" aux allures de fable, et d'un metteur en scène inspiré Martin Kušej.
Anachronisme entre une fable d'un autre temps, pétrie de croyances surannées, la femme créature du diable par le vecteur de la sexualité, outil janusien de la corruption et du déshonneur, à moins qu'il ne s'agisse de la quintessence de l'esprit machiavélique qui contribue à la perte de l'homme, un décor impressionnant, enchevêtrement d'immenses troncs d'arbres gris, sous la lumière blanche de néons pleins feux, conçu pour" évoquer autant une forêt de montagne après l’avalanche que les ruines d’une lutte entre puissances titanesques" sur lesquels crapahutent les comédiens et un jeu qui navigue entre distanciation et prosaïsme.
"Der Weibsteufel", qui pourrait s'intituler "Le receleur, sa femme et le douanier", reprend le thème du triangle infernal sous la forme d'une fable dramatisé dont l'intrigue est sans suspense et l'écriture sans relief.
L'arrivée d'un nouveau douanier zélé compromet le trafic d'un receleur qui vit de contrebande, mauviette sans qualités ni beauté, ni de corps ni d'âme, mais malin qui a a épousé une séduisante jeune femme qui, à défaut d'enfant, attend de voir réaliser leur projet d'acheter la belle maison. Le mari contraint son épouse à séduire le douanier pour le distraire de sa mission. Et l'entreprise réussit trop bien : un homme vigoureux et séduisant pourrait bien remplacer le mari.
La mise en scène de Martin Kusej est rigoureuse, l'esthétisme accompli de la scénographie de Martin Zehetgruber, l'interprétation de Werner Wölbern, le mari retors, Tobias Moretti, l'homme dont l'honneur est pris au piège de la passion, et Birgit Minichmayr, à la rousseur ad hoc, énigmatique et redoutable protagoniste d'une danse de mort, parfaite.
Mais l'émotion n'est pas au rendez-vous. |