Spectacle conçu et mis en scène par Yoann Bourgeois, interprété par Marie Fonte et Yoann Bourgeois.
Que se passe-t-il à l'intérieur du cube ? Existe-t-il un moyen d'y pénétrer, qu'y découvriront les artistes sur scène ? Et les spectateurs ? Comment utiliser une telle structure ?
Simplement en la cassant par pans, en l'ouvrant petit à petit vers l'extérieur, en la démontant panneau par panneau pour construire un escalier sans fin qui s'élance vers le ciel. Par des systèmes de chausse-trappes, les acteurs se déplacent et disparaissent au détour d'un pan de mur. Ils glissent à répétition sur un plan incliné, rebondissent encore et encore sur un trampoline.
Que faut-il voir derrière ce couple dont les chaises et la table volent en morceaux, la fin de l'ère Ikea ? Et que comprendre de ces chutes à répétition dont on se relève pour mieux retomber, une symbolique de la crise grecque ? Ces corps qui montent, descendent, rebondissent, signifient-ils que la vie du couple est faite de hauts et de bas, mais que l'harmonie ne va pas de soi ?
A priori, rien de tout cela. Yoann Bourgeois, ancien élève du Cirque Plume et danseur chez Maguy Marin, a trouvé dans l'Art de la Fugue de Jean-Sébastien Bach une inspiration, en particulier dans la superposition des lignes mélodiques et ses multiples variations qu'il cherche à traduire avec les corps.
Le spectacle est réglé au millimètre, sans une hésitation, sans un faux-pas. La poésie des corps qui restent comme suspendus dans l'air, comme défiant les lois de l'attraction doit se suffire à elle-même.
Yoann Bourgeois et sa partenaire Marie Fonte jouent de l'équilibre et de la géométrie, accompagnés au piano par la pianiste Célimène Daudet.
Architecturalement parfait dans la conception du cube, mis en lumière avec une grâce exceptionnelle par Caty Olive, "L'Art de la Fugue" révèle aussi un couple de danseurs acrobates qui réalisent des figures d'une précision à couper le souffle.
Si le spectacle a séduit par son élégance et son esthétisme la plus grande partie du public, il restait à la sortie des spectateurs pour regretter l'impression de longueur ou de répétition qui se dégage de ce numéro de cirque, mâtiné de danse, de plus d'une heure.
Ce sentiment pourrait certainement s'effacer si le propos du spectacle venait s'étoffer d'un peu de symbolique, d'autant que Jean-Sébastien Bach est censé avoir écrit son oeuvre alors qu'il était aveugle et sur son lit de mort. |