Comédie dramatique de Bertolt Brecht, mise en scène de Christophe Luthringer, avec Régis Vlachos, Charlotte Zotto, Aurélien Gouas, Jean Christophe Cornier et Toussaint Burelli. "La vie de Galilée" est une des œuvres tardives de Bertolt Brecht, une œuvre déjà crépusculaire où il met beaucoup de lui-même. En marxiste convaincu, il montre comment un homme, quel qu'il soit, est le jouet de l'Histoire, comment sa vie n'est qu'un chaos intérieur entre ce qu'il le pousse à se battre contre l'ordre dominant et ce qui l'oblige à l'accepter.
Galileo Galilei, le savant, l'astronome, le mathématicien, est comme, Bertolt Brecht, l'artiste, l'intellectuel, l'écrivain. Pour que sa parole porte, pour qu'il puisse jouer un rôle à sa mesure dans l'histoire humaine et énoncer sa vérité viscérale, il doit tenir compte de ses maîtres, de l'idéologie de l'époque et faire face à tous les obscurantismes qui feront obstacle à ses découvertes, à sa poésie.
Pièce peu jouée, "La Vie de Galilée", sorte de "biopic" théâtral, retrace diverses périodes de la vie de l'astronome dépositaire du système de Copernic. De Padoue à Florence, de sa gloire à ses renoncements, Brecht raconte une nouvelle fois la gloire et la chute d'un homme hors du commun.
En principe, il y a donc une imposante distribution pour reconstituer sur scène des grands moments de la vie de Galilée, comme ce passage où il fait face à la Sainte Inquisition.
Il faut dès lors féliciter Christophe Luthringer pour être parvenu, sans que cela soit gênant, à donner une bonne idée de la pièce de Brecht avec seulement cinq acteurs et une malle, de laquelle peuvent surgir les planètes ou un personnage.
On lui pardonnera au passage quelques clins d'oeil inutiles pour montrer les similitudes entre le désordre du monde de la Renaissance et celui de l'époque néo-libérale actuelle. Bon, on admettra qu'il puisse faire référence au "Galileo" de Freddy Mercury et l'on ne s'offusquera qu'il assimile distanciation brechtienne et second degré potache.
Péché véniel qui n'empêche pas Christophe Luthringer de respecter le texte de Brecht, d'en montrer les beautés et de restituer la personnalité complexe du savant italien. Dans le rôle-titre, Régis Vlachos mouille son pourpoint, se montre capable de passer de la farce à l'émotion, de la lumière à l'obscurité.
Cette version astucieuse et rythmée de "La vie de Galilée" prouve une fois de plus l'intérêt et la modernité du théâtre de Brecht, surtout quand il ne fait pas l'objet d'une excessive sacralisation et qu'il n'est pas accaparé par des pédants mais est servi par une troupe qui aime le jouer et qui le joue bien. |