Deux groupes sur une péniche. Forcément l'un des deux surnage.
Goeff Mendelson, régional de l'étape, jouait jusqu'à présent une pop mélodieuse et joliment ficelée, sous son seul nom parfois associé à des ébauches de collaborations (Geoff Mendelson & the Spasmodic Joy). Il apparaît ce soir pour la première fois avec son nouveau projet ÆlohA.
Le trio guitare-batterie-violon respire l'air iodé, les côtes grand-bretonnes, le pub de carte postale, rien de bien nouveau sous le crachin. C'est "sympathique", ils ont trouvé chaussure à leur pied semble-t-il, la chaussure ne frappe pas par son originalité, mais elle marche bien et protège des cailloux, malgré ce manque de saveur. Certains sont très clients, après tout pourquoi pas, mais ça reste une musique de fond à nos oreilles.
Il faut être honnête : nos oreilles n'auront d'yeux ce soir que pour Michel Cloup. Ses albums (avec divers projets aussi : Diabologum, Expérience, Binary Audio Misfits) et surtout son dernier sous le nom de Michel Cloup (duo) avec Patrice Cartier à la batterie, intitulé Notre Silence, ont marqué et marquent encore une époque, la nôtre, notre âge qui avance, le sien qui se raconte et nous regarde.
Ce soir, ils sont tous les deux dans la salle pendant la première partie, boivent, discutent, accessibles. Et une fois sur scène c'est ça, l'humain, qui saute aux oreilles. Aux titres de Notre Silence, se mêlent ceux de l'album à venir, dans la même veine musicale et personnelle, mais plus ouverte : après les drames personnels, la vie du reste et ses récifs. Les liens entre les gens, entre les temps, les sentiments. Parfois si beaux, si durs.
La guitare, aux accents de basse, est barytone, et évoque presque le violoncelle, au plus près de la voix de l'homme, elle peut être caressante, explosive, acharnée. Bouclée, ça frise l'hypnotisme. La batterie du grand Patrice Cartier la suit à la trace, on oublie bien vite que la caisse claire est si brute qu'elle donne presque la nausée, à croire qu'elle va chercher jusqu'à l'oreille interne. La colère est sourde, la tension nervurée de tendresse. Entre espoir et conscience de la finitude, sans lourdeur, mais "comme un poids".
Un homme et des liens, des cordes et leurs noeuds, un fils, un père. Les liens du sang, du sens en chacun.
Le silence après le concert, c'est chacun qui s'écoute, l'écho des liens, de la musique.
Merci encore. |