La chanson française est trop souvent maltraitée autant que mal appréciée. La faute souvent à un public peu exigeant se satisfaisant de quelques mièvreries faciles à comprendre, même pour Michel Drucker ou Benjamin Castaldi.
Heureusement, certains continuent de produire de la belle musique et de beaux textes. On est obligé de citer Dominique A, Murat mais aussi Robi ou Maud Lübeck dans des genres différents sinon opposés.
Et puis il y a Le Coq. Thierry de son prénom. L'univers de Le Coq n'est pas à rapprocher des artistes sus-cités, c'est autre chose, c'est ailleurs et assez peu commun. On pense souvent à l'écoute de Chaconnes, ce nouvel album, à des groupes rencontrés ces dernières années du côté du Québec. Des groupes comme Malajube, Karkwa ou Monogrenade ("Autant d'amants"). Non pas que la ressemblance soit si frontale que cela mais il y a ce quelque chose dans les arrangements, le chant, la scansion qui rapprochent tous ces univers là.
Le Coq manie avec délice les mots donnant autant d'importance aux sens qu'aux sonorités, fait rare que l'on ne rencontre guère plus que chez Tue-Loup et quelques autres vieux de la vieille. Sa voix douce et fragile aura tôt fait de nous charmer. Voix joliment mise en scène par les instruments aussi délicatement posés que la voix, tout en retenue comme si les musiciens manipulaient des instruments d'une fragilité extrême avec tout le respect et l'amour qu'ils leur porteraient.
C'est fragile et touchant et la production de Bruno Green (également derrière quelques instruments) lie l'ensemble avec classe et le superbe morceau introductif ("Chaconne") quasi instrumental est de toute beauté, donnant d'emblée le ton à un disque qui ne connaît guère de faiblesse.
On citera par exemple "La Martyre" ou "Je positive", deux titres un peu aux extrêmes de la musique de Le Coq, tantôt sombre et profonde et parfois aux airs plus badins mais pour autant tout aussi empreints de mélancolie tout comme "Allons en guerre" et son rythme nonchalant qui donne envie de le fredonner ad lib.
Ce Le Coq là ne fait pas dans la vague imitation grand-guignolesque de basse-cour mais porte haut les qualités d'une pop musique à la française. |