Elle trouva sa passion en relevant le défi fou d’écrire un premier roman, puis elle continua, et continue encore, enseigne dans la formation pour auteurs de l’université de Californie, s’implique dans un programme pour jeune écrivains, donne des conférences sur l’écriture… Autant dire que ses premiers pas sont loin et que sa plume fait figure d’exemple dans son Amérique natale. Enfin, après 25 romans, le 26ème est traduit en français : Témoin hostile.
Etiqueté "suspense romantique", une grosse photo d’un joli minois de brune aux yeux verts, "à 16 ans, elle risque la peine de mort. Sa vie a-t-elle un prix ?" La couverture m’a immédiatement laissé perplexe. Pourquoi ? Vous n’avez pas vu venir l’ouragan Twilight ? La jolie midinette à qui il arrive des problèmes trop pas cool, mais comme elle est trop belle et super carrément trop amoureuse tu vois, et bien c’est hyper cornélien comme choix, oui, et vachement profond, et super gnangnan comme je n’aime pas.
Ici, Hannah, une jeune rebelle élevée par sa Maman trop belle (Linda Sheraton) mariée au fils (Kip Rayburn) du juge de la Cour suprême (Fritz Rayburn). Un soir (quand les poules entament leur troisième phase de sommeil), l’aile ouest de la splendide baraque de luxe prend feu, Fritz meurt carbonisé. Pire, le feu est volontaire. Pire, il a le crâne enfoncé… Hannah est tout de suite accusée puis incarcérée dans une prison pour adultes.
Instable, en colère, avec un goût et un talent prononcé pour la peinture (inflammable), Hannah incarne une jeune et jolie adolescente rebelle, face à une mère qui a fait ses propres choix pour les mettre toutes les deux à l’abri du besoin. Parti pris dans l’affaire, le beau-père (appréciant peu Hannah, vous vous en doutez), Kip (le fils du carbonisé) ne prend pas la défense de l’ado (surtout qu’il est pressenti pour succéder à son père à la Cour suprême). Linda la maman file donc avec sa Lexus qui coûte 6 mois de salaire à son ancienne colocataire de fac Josie (devenue entre temps avocate) pour lui demander de défendre sa fille.
Oui mais Josie avait juré de ne jamais re-défendre des familles, depuis qu’elle a défendu et obtenu la libération d’une maman (qui en a profité pour égorger ses enfants). Elle accepte tout de même de rencontrer la jeune Hannah et (oui, ça se sent à des kilomètres), se laisse attendrir par cette presque femme encore enfant, et la défend. Bec et ongles, jusqu’au bout.
Et c’est là que l’histoire prend une tournure beaucoup plus intéressante, le romantique promis réside dans le dénouement : oui, elle va s’en sortir, mais pas de la manière attendue. Et finalement, le début attendu est une manière de prendre le lecteur par la main, en lui faisant regarder les indices, examiner les personnalités des acteurs, puis de lui lâcher la main comme pour lui dire "à toi maintenant", suspense…
La force de ce roman réside dans l’écriture, fluide, tout en dialogues, parce que les plaidoiries et les épluchages de papelards sont plutôt ennuyeux pour les étrangers au monde de la justice. Rebecca Forster sait rendre le propos clair comme l’eau de l’être qui s’éveille quand un volcan s’éteint.
Non, Rebecca Forster n’a pas le charisme d’un monument tel que John Grisham, mais elle en a tout le talent dans ce qu’elle apporte de la lisibilité à une affaire criminelle, sans sortir le coupable du chapeau 5 minutes avant la fin, sans bêtifier le lecteur, en démocratisant les lois et les technicités juridiques… Un bon moment. |