Scène d'ouverture : mon rockeur chez les cajuns. Intérieur soir, public à saisir, bras tatoués, guitares à tous les étages.
De retour d'un enregistrement dans un ranch, "et ça s'entend", remarquera un auditoire observateur, Louis Aguilar, accompagné des Crocodile Tears, nous emmène dans ces contrées bayou-nesques, à cru sur des mélodies de country-blues assez classieuses, chansons d'amour, perdu ou éperdu, dans la moiteur de la Louisiane cachée dans un coin d'un Nord transi de froid (l'animal est de par ici).
Tout y est même un titre enlevé, au banjo, mais globalement la thématique est très "balladeuse" et on aurait bien aimé un peu plus de filles en santiags qui dansent sur les tables du saloon. La monochromie peut être un style pas déplaisant, certes.
Scène deux : Merveilles du Monde. Intérieur nuit, accents flamands, salle comble, Arte live web derrière la caméra. Attendus, les Balthazar ? A peine…
Synopsis : un groupe de rock belge.
Argument : mais pas que.
Ils sont cinq dont une violoniste, le batteur à l'arrière mais les autres alignés en front de scène. Chacun très présent, tous très unis, pêchus, la "qualité-belge" avec moultes ruptures, titres très accrocheurs (je ne vais pas les citer, ils le sont tous), avec une certaine langueur dans les voix traînantes, parfois empreintes de mélancolie nerveuse mais l'air de rien (ah, tout ce qu'on doit à cette belgitude), l'inventivité recouvrant le tout.
L'audace de cette jeunesse, l'expérience de ceux-ci qui ont déjà pas mal tourné.
Les morceaux de leurs deux albums Applause et Rats s'enchaînent ; reconnaissons qu'on peut ne pas distinguer quel titre est de quel album, tant c'est une même continuité.
Mais bon, la monochromie, n'est-ce-pas… et puis avec ces nuances-là, on en veut bien à toutes les heures de la journée.
La formule est belle, autant l'appliquer jusqu'à plus soif, jusqu'à toute sueur, jusqu'à l'ivresse. C'est de la bonne, pas de gueule de bois à craindre, juste un petit syndrome de manque.
Parmi leurs actes de bravoure, donner l'impression rare que les choeurs ne sont pas qu'un habillage.
Là, c'est une tendance, une inclination, trouvant son apogée dans le "Blood like wine" avec lequel ils finissent systématiquement leurs concerts, enjoignant un public cruellement attentif, trop peu participatif, à porter un toast ultime à la nuit, qu'ils auront rendu plus belle et un peu plus sombre aussi.
Note : Il y a un petit quelque chose de Lynch dans ces superpositions.
Titre provisoire : "Du concert comme quintessence même de la valeur ajoutée à l'existant". Ou "Balthazar, c'est trop de la balle".
A voir avec les attachés de presse et en fonction du coeur de cible. |